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LE THYM ET LA PARIÉTAIRE.
J'ai lu, je ne sais où, que la pariétaire,
En son-langage d'herbe, un jour disait au thym
Avec un air railleur : Dieu te garde, mon frère ;
Je souffre en te voyant un si triste destin !
Tu passes, en odeur, mille fleurs, tes voisines,
Mais que ton pauvre front est près de tes racines !
Le thym lui répondit :
Ma chère sœur, quoique petit,
Je plains ta destinée encor plus que la mienne ;
Je ne tiens que de moi ma force et ma vertu,
Je sais pousser tout seul, il faut qu'on te soutienne ;
Sans ce mur que deviendrais-tu?
D'une préface et d'une note,
Toi qui grossis l'Å“uvre d'autrui,
Et qui te crois auteur, à ta vanité sotte
S'adresse le thym aujourd'hui.
Sophie BALLYAÃ.
Avril 1857. 19*