Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                     LE PÈRE DE LA CHA1ZE.                           35
   Dès la première entrevue, le roi fut charmé du bon air et
du maintien noble et composé du nouveau directeur de sa cons-
cience. On sait quelle importance ce prince attachait aux agré-
ments extérieurs. La figure du Père de la Chaize était d'une
distinction remarquable ; tout en elle respirait la douceur, l'in-
telligence, la persuasion.: ses yeux bleus, sa lèvre légèrement
épanouie, son nez aquilin , son front haut et large composaient
un ensemble digne du pinceau d'un grand maître. Il était
d'une taille moyenne, mais élégante, quoique déjà un peu cour-
bée. Parmi les nombreux portraits qui restent de lui, celui
qu'Etienne Gantrel a gravé en 1694 mérite seul l'attention. La
physionomie et le caractère du personnage sont rendus de la
manière la plus heureuse. L'artiste a su tenir compte à la fois,
avec une habileté vraiment digne d'éloges, et de la rare finesse
et de l'exquise douceur de son modèle.
   A peine établi à la cour, le P. de la Chaize fut chargé par le
roi de la feuille des bénéfices, ainsi que l'avait été son prédé-
cesseur, le P. Ferrier, le premier confesseur des rois de France
qui ait été investi d'une si haute fonction. « C'était une sorte
de ministère que Louis XIV avait créé. Il crut plus convenable
de le confier à un prêtre qui ne pouvait rien désirer, qu'à plu-
sieurs prélats dont les familles ou les amis ne cesseraient ja-
mais de solliciter, tantôt pour eux, tantôt pour les autres (1). »
   Ainsi, dès le début, le P. de la Chaize eut toute l'importance
d'un homme politique; insensiblement, son influence devint
considérable : depuis les plus humbles ministres des autels jus-
qu'aux plus hauts dignitaires de l'Eglise de France, tous dépen-
daient de lui; et il faut dire à sa louange que, durant le long
exercice d'un ministère aussi délicat, il n'eut jamais d'autre guide
que sa conscience.
   « Il étoit soigneux de bons choix pour l'épiscopat, dit Saint-
Simon, surtout pour les grandes places, et il y fut heureux tant
qu'il y eut l'entier crédit. Facile à revenir, quand il avoit été

   (1) Histoire de la Compagnie de Jésus, par M, Crétincau-Joly ; I. IV,
p . 355 et suiv.