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DE GU1CHEN0N. 433 méthode , qu'il y a identité parfaite entre l'historien de Louis II et l'auteur de l'ancienne Chronique de Savoie. Telle est du moins, sur ce point, l'opinion des érudits du Piémont. L'ancienne Chronique de Savoie , nous suivons toujours le sentiment de M. Promis, paraît avoir été composée au com- mencement du XVe siècle et terminée en 1416, époque de l'élévation d'Amédée à la dignité ducale. C'est par le récit de la naissance de ce Prince que se termine la chronique de Cabaret. Plus lard, en 1466, un serviteur de Philippe, comte de Bresse , pendant la détention de son maître au château de Loches, où il passa deux ans sous les verroux de Louis X I , Jean Servion, pour récréer la solitude de ce prince à humeur turbulente, imagina d'ajouter un chapitre en têle de la chro- nique de maislre Cabaret. Ce dernier s'était contenlé défaire remonter les origines de la Maison de Savoie à Bérald, pré- tendu père de Humberl aux blanches mains, premier comte de Maurienne; or, cette origine ne datait guère que de la fin du Xe siècle (966), ce qui constituait la maison de Savoie en état d'infériorité vis-à -vis des autres familles souveraines, de celle de France, par exemple, qui modestement s'attri- buait pour souche primitive le vieux roi des Troyens, l'infor- tuné Priam. Servion , voulant que son maître n'eût rien h envier à personne en fait d'ancienneté d'origine, mit en œu- vre toute sa puissance imaginative, et apprit bientôt à son siècle que les Princes de Savoie avaient pour ancêtre un cer- tain roi de Cologne, nommé Eséus, lequel occupait ce trône glorieux en l'an de grâce 242 de l'ère chrétienne; découverte ingénieuse, qui, d'un trait de plume, ajoutait sept siècles à l'ancienneté de la Maison de Savoie. Eséus, dont Servion fait un contemporain de l'empereur Gordien, avait, dit-il, épousé la reine Hélène : de cet auguste hymen était issu un fils nommé Théseus, malheureusement tout bossu, et l'estoit si 28