Revue du Lyonnais » série 2 - n°12 ( 1856 ) » pp.417

                    ESTIENNE DU TRONCHET.                      417
« que le vent impétueux d'un si long eslongnement, et d'un si
« grand silence l'eust du tout ruinée. »
   « J'ai différé de vous escrire, dit-il autre part, jusqu'à ce que
« de vous-mesme, et avec le témoignage de l'expérience, vous
« auriez cognu les sagettes (flèches) de mes ennemys rompues et
« desappointées, contre l'eseu de mon innocence, et que le soleil
« de la vérité ait fondu la neige des calomnies et impostures,
« qui empeschoyent et occultoyent contre inoy, la clarté de vos-
« tre noble jugement. »
   Voici un phrase adressée à Pierre du Verdier, à propos de la
publication de son Misopolème :
   « Certainement, lui dit-il, vostre style, qui est un nouveau
« instrument de science , propre à crever l'œil de l'ignorance,
« fait sentir au monde la bénignité et l'odeur d'une merveilleuse
« harmonie , dont j'espère que les fleurs de vostre printemps
« meuriront en leur automne les plus amiables fruits des greffes
« Palladins du Verger de Parnasse, qui feront célébrer nostre
« Montbrison comme un petit Pégase bastard.
   « Me sentant fort débile à soustenir vos bontés, écrit-il à
« M. de Saint-Germain, je suis contrainct de les supporter à ge-
« nouil, selon la nature du chameau, ne voyant en moy nul
« moyen de m'en sublever, s'il ne vous plaist prester la main de
« vostre contentement, à celle de ma bonne volonté. »
   Voici une lettre amoureuse pour une nouvelle cognoissance.
   « Madamoysellc, sans point de faute, il appartient à la grâce
« de vostre gentile courtoisie de ne se souvenir du bien que j'ay
« eu d'avoir esté en vostre maison. Car la mémoire de ceste fa-
« veur est de mon obligation et nullement de la vostre. D'autant
« que l'accueil qu'il vous pleust m'y faire estoit autant de vostre
 « incommodité, comme il résultait à ma réputation. Mais ce que
« j'estime honneur de vostre générosité , vient de la douceur
 « des recommandations, desquelles m'a esté liberalle la gran-
 « deur de ceste beauté qui vous faict ressembler déesse du ciel
 « plus tôt que fille de la terre. Et vous asseure, Madamoyselle,
 « que si tost que je fus receveur de si agréables nouvelles, ma
 « pensée en laquelle est toujours affiché vostre pourtrait, me re-
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