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ESTIENNE DU TRONCHET. 415 a fait comme le geai ; il a si mal profité de ses larcins qu'il ne faut pas trop lui en vouloir. Claudien et Mellin de Saint-Gelais, que, suivant Goujet et du Verdier, il aurait imités, dans le Dis- cours du vieil laboureur, lui auraient très-certainement pardonné un plagiat qui ne pouvait, en aucune manière, porter atteinte à leur renommée. Au reste, il ne faut pas oublier que du Verdier était Montbrisonnais, et qu'il lui semblait peut-être naturel, en qualité de compatriote, d'exhaler contre du Tronchet sa mau- vaise humeur, notamment parce que Gilles Corrozet, dans son Parnasse des poètes françois, avait inséré quelques fragments poétiques de du Tronchet, tandis que les Omonimes (1) et au- tres poésies de du Verdier, dans les diverses éditions de ce recueil, avaient toujours été passées sous silence. Inde irœ. « Je m'esbahy, s'écrie le sieur de Vauprivas, dans son article « sur Gilles Corrozet, comme il a mis au rang des bons poètes « françois, Estienne du Tronchet qui n'a escrit qu'en prose et « entremeslé parmi quelques vers aussi rudes que mal faits et « auxquels il n'observe pas en tout les règles de l'art poétique, « oultre ce que les meilleurs vers qu'il a insérés à son nom ont « esté faits par autres, mesmes le Contentement d'un vieil labou- « reur, qui est une élégie de Mellin de Saint-Gelais imitée de « Catulle (2), transcripte presque de mot à mot dudict Saint- « Gelais ; comme de mesme il a faict d'une autre élégie qu'ice- « luy Saint-Gelais adresse à Diane sa fille. En quoy se voit comme « du Tronchet s'est voulu parer des plumes d'autruy, non toute- « lois si accortement, qu'on ne s'en puisse bien apercevoir. » En parcourant les Missives on est surpris du nombre d'hommes lettrés que renfermait alors Montbrison. Il n'y est pas question, il est vrai, d'Anne et d'Honoré d'Urfé (l'un était encore très-jeune et l'autre venait à peine de naître); mais on y voit les noms : de Loys Papon, chanoine de l'église de Notre-Dame, l'un des esprits (1) Les Omonimes, satire des mœurs corrompues de ce siècle, par Antoine du Verdier, in-4, Lyon, par Antoine Gryphius, 1572. (2) Du Verdier s'est trompé, c'est une imitation de la seconde épi- gramme de Claudien. (Voir l'abbé Goujet).