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DE LA CHIRURGIE A LYON. 309 par l'observation de la nature, les errements de la théorie et les paradoxes des systèmes ; il n'y avait pas d'école organisée pour rectifier l'art et réformer les maîtres et les disciples. Nous avons démontré ailleurs, (Voy. Mélanges de chirurgie.) que le poste de chirurgien principal de l'Hôtel-Dieu ne fut, pen- dant plusieurs siècles, qu'un simple passage qu'on ne recher- chait que pour obtenir un certificat de service : c'était comme un piédestal où l'on ne montait que pour faire acte de présence, et avoir son nom inscrit sur un diplôme ; aussi les chirurgiens d'alors étaient-ils trop souvent d'une insuffisance notoire ; aussi force était-il plus d'une fois d'appeler a l'hôpital les chirurgiens delà ville pour pratiquer les opérations majeures, comme on le voit dans le XVIe et au commencement du XVIIe siècle (1). Une réforme, disons mieux, une reconstitution devenait indispensable. L'art n'était plus a sa place ; qui ne verrait ici une fois de plus , s'il était encore besoin de cette démons- tration , que rien dans les arts libéraux n'est plus nuisible à leur progrès et à leur prospérité que le défaut d'éduca- tion et d'instruction ? L'enseignement spécial ne saurait sut' lire, et sans ce complément précieux ,. les études techniques s'affaiblissent, les bonnes traditions s'altèrent, et les hommes, frappés de déchéance morale, tombent au degré inférieur de l'échelle sociale. Les garanties de savoir deviennent illu- soires , et le diplôme de capacité n'est plus qu'un mensonge officiel. Dès que l'esprit n'est point assez cultivé , le niveau des intelligences s'abaisse : aussi l'absence de lettres et de philosophie ne pouvait-elle qu'engendrer l'ignorance, au sein de laquelle l'art et les artistes se déconsidèrent. (I) .Notamment pour Damuur eu 1586, Carra eu 1599, Pavye en 1611 , Albert en 1613, Mèlier en 1618 , etc.. tous chirurgiens de la ville. (Voyez PKTKEQCIN , Mélany. de chir., p. 53.)