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                      DE LA CHIRURGIE A LYON.                            303

   Il était écrit dans les canons de l'Eglise : Ecclesia abhor-
ret a sanguine. Les nombreuses guerres religieuses de l'é-
poque avaient pu violer cette règle, mais ne l'avaient point
abrogée ; toute effusion de sang restait interdite à la cléri-
cature ; les médecins étaient ainsi obligés d'abandonner
l'exercice de la chirurgie, plusieurs même n'osaient l'en-
seigner qu'avec répugnance.
   Toute opération sanglante fut à plusieurs reprises défen-
due aux clercs par les papes et les conciles. Aussi laissaient-
ils la partie opératoire à des hommes illettrés ; ce fut une
grande cause de défaveur (1).
   La chirurgie ainsi discréditée devint la proie d'une tourbe
ignorante et descendit, pour ainsi dire, à l'état d'art manuel
et subalterne ; tandis que la médecine resta l'apanage des
clercs dont la position privilégiée ennoblissait la profession.
(Voy. Pétrequin, Mélanges de chirurgie, p. 9.)
    « Une sorte de honte semblait attachée à la pratique des


   (1) Dans l'antiquité , « la vanité doctorale et ridicule d'une époque plus
« rapprochée de nous, n'avait point encore fait imaginer qu'il fût moins noble
« de guérir une fracture qu'une diarrhée » (DEZEIMERIS , Dict. en 30 vol.,
Chirurgie, p, 334.) — «Jusqu'au seizième siècle, peu de chirurgiens,
même parmi ceux qui possédaient quelque habileté, osaient entreprendre
les grandes opérations ; ils les abandonnaient presque toujours à des
hommes téméraires , ou aux charlatans qui n'ont jamais reculé devant aucun
obstacle. » ( BROECKX , Histoire de la médecine belge, j
   Les médecins ecclésiastiques « en entrant dans la Faculté, abjuraient
la chirurgie comme un art indécent pour eux ; la visite des malades dans
leurs lits ou dans leurs maisons leur éloit interdite ; les maladies hon-
teuses ou les maux attachés aux femmes blessoient, selon eux, la dignité
sacerdotale. » (Recherches sur l'origine de la chirurgie , p. 16.)— C'est par
eux et pour eux qu'eut lieu la séparation de la chirurgie d'avec la médecine :
 < Tempore Bonifacii VIII et Clemenlis V, pontificum romanorum , tum
 c
 « decreto apud Avenionem facto, tum Philippi pulchri Francorum régis
 « concilio, chirurgia a medicina separata est. » (Ibid. , p. 17.)