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DES AM1S-DES-AUTS. 275 cent entre Iscliia et Capri et viennent se briser aux pieds du Pausilippc, sont d'un azur intense et largement nacrées des plus vives nuances de l'ar- gent, du rouge et de l'orange ; tout est bruit, splendeur et gaîté dans la nature napolitaine. M. Justin Onvrié connaît mieux le ciel de la Norman- die que l'atmosphère de la mer sicilienne. Le Stolzenfeld sur le Rhin convient mieux à la manière de l'artiste, ce- pendant n'a-t-il pas mis quelque afféterie dans la reproduction de ce gracieux paysage? Le château avec ses teintes rosées, jaune tendre, avec ses sculptures si propres, si bien conservées, semble fait pour les étagères d'une dame ; le vieux fleuve lui-même, avec ses petites ondes caressantes, a un air galant qui lui permettrait d'orner une composition signée par Laneret, Bouclier ou Watteau. M. Appian s'est placé, celte année, au premier rang parmi nos paysa- gistes. Ses deux tableaux, le Pont du Diable, près Molinges et un Soir (cam- pagne du Dauphiné), nous offrent la réunion de qualités bien précieuses. Nous y trouvons le fini élégant et précis de M. Justin Ouvrié, la perspec- tive exacte et l'atmosphère transparente et légère de M. de Curzon, tout cela uni à une manière individuelle et à une élude soigneuse des effets de lumière, des accidents variés du terrain. Ces deux compositions signalent un Irès-grand progrès dans le talent de M. Appian comme peintre ; ses dessins au fusain, composés avec science et richesse d'invention, l'avaient déjà depuis longtemps classé comme un artiste d'un goût élevé et difficile. M. Allemand , dont la manière de sentir est toujours énergique et originale , fait incessamment des tentatives nouvelles ; autrefois il nous présentait des tableaux qui, par leur disposition et leur couleur, parais- saient pleins de réminiscences des vieux tableaux hollandais. Aujourd'hui on le voit marcher sur les traces de Théodore Rousseau, les Premiers jours d'avril, le Coucher de soleil dans les bois au mois d'octobre, annoncent l'imi- tation de procédés systématiques plutôt qu'une impression directement éprouvée en face de la nature. La Dise noire en novembre est le meilleur ouvrage de M. Allemand ; il est sévère, sombre, triste et rempli de la poésie mélancolique de la saison qui est le symbole de la décrépitude. Si nous voulions signaler avec détails tous les paysages qui présentent des parties dignes d'éloges, nous excéderions les bornes raisonnables, et du reste, comment préciser le charme particulier, la séduction souvent très-vague qui caractérisent chacune de ces œuvres ? Nommons donc seu- lement M. Viot de Bourg, M. Castan de Genève; recommandons les paysa- ges suisses de M. de Fontenay et de M. Zimmermann , la Campagne de, Montpellier de M. C. Brun, avec ses oliviers, ses lointains azurés, et son soleil clément ; les compositions de M. Anrioud, grises et ternes, mais qui présentent une belle ordonnance et des lignes classiques ; les tableaux de M. Auguin , Balfourier , Bandit, Brissot de Warville, Saltzmann , et enfin les tableaux de deux artistes lyonnais, MM. Carrand et Chenu, nouveaux venus dans la lice et qui font concevoir de belles espérances. M. Humbert de Genève nous a donné trois études d'animaux ; son dessin n'est peut-être pas très-correct, mais le Matin en automne dans les prés est remarquable par un paysage plein de vérité : c'est une prairie dont les ex- trémités se terminent en marécage ; un brouillard argenté tombe sur la terre, l'eau s'attache en gouttelettes au sommet des herbes ; on ne saurait saisir la réalité avec plus de bonheur. M. Albert Lugardon, aussi de Genève, expose un attelage de bœufs, re- tenant, sur une pente abrupte, le char d'un sablonnier, puis une écurie dans laquelle un cheval blanc, frappé par un dragou qu'il vient de blesser par une ruade, fait effort pour se cabrer malgré la longe qui le retient à la