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1)K GR1M0!) DE LA RFAN1ERE. 241 fraîches que nous ayons de celte ville. 1 paroit par les détails 1 que vous me donnez que l'ardeur des assiégeants étoit un peu modérée par le courage et l'intrépidité des assiégés, et que les deux parties attendoient dans une espèce de trêve la réponse de la Convention à leurs demandes respectives. Puisque Lyon a accepté la constitution je ne vois d'autre prétexte à lui faire la guerre que le désir de la mettre au pillage. On assure en effet que M. de Dubois Crancé a promis le pillage aux troupes qu'il dirige, mais j'ai peine à le croire et je pense qu'il faut encore mettre ce bruit sur le compte du vires acquirit. Ce n'est pas que la réputation du personnage ne soit très-propre à Je justifier, comme sans doute elle l'a fait naître. Mais il faut espérer qu'il ne sera ni secondé ni autorisé dans cet exécrable dessein , supposé qu'il l'ait conçu ; de plus je ne peux me persuader qu'une armée qu'on dit n'être que de 20,000 hommes puisse piller une ville qui renferme 150,000 âmes, bien déterminées à défendre ses propriétés et dont 60,000 sont en état de porter les armes dans un moment urgent. On ne pille pas avec des canons ni en grande troupe , il faut que les soldats se divisent pour entrer dans les maisons et alors il est facile à ceux qui les habitent de se défendre contre les voleurs, de les repousser et de les tuer. Si cependant la populace, qui est très-nombreuse à Lyon, se joignoit à ces brigands, je ne repondrois de rien. Mais il faut espérer que tout cela n'arrivera point et que la providence qui a inspiré aux Lyonnois l'idée de se défendre leur donnera aussi les moyens de se préserver. Pour moi j'avoue que je n'aurois pas attendu que les choses en fussent venues à ce point pour quitter la ville avec ce que j'aurois eu de plus cher et de plus précieux. Je suis surpris que vous n'ayez pas pris ce parti, surtout ayant votre campagne à une assez grande dislance pour être à l'abri des eclaboussures et des suites d'un siège, et dans un pays reculé, tranquille et loin des orages. Peut-être seroit-il trop tard aujourd'hui pour exécuter cette résolution ; je ne pense pas cependant que votre dessein soit de vous ensevelir sous les murs de Lyon. Je conviens que la rue que vous habitez est assez éloignée des points d'attaque, mais les bombes atteignent de loin