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'220              DISCOURS DE M. D'AIGUKPERSE.
Ce fut la Gaule qui lui en fournit le plus grand nombre (1).
Le plus remarquable fut le célèbre Ausone ; on ne peut lui
refuser beaucoup d'esprit, une connaissance parfaite des
grands modèles de l'antiquité, et le talent de la poésie des-
criptive dont il fait preuve dans son poème de la Moselle. Il
peut, en outre, montrer un grand nombre d'épigrammes que
Martial n'eût point désavouées. Mais vainement on chercherait
chez lui ces grands mouvements et ces éclairs de génie qui
n'appartiennent qu'aux véritables poètes.
    Le seul qui, dans ce siècle, eut quelques droits à ce titre,
naquit sur les bords du Nil, et ce fut Glaudieu. Au moment
où l'empire romain allait s'écrouler, la poésie, qui avait été
une des premières à déchoir, fut la dernière qui sembla se
ranimer pour jeter encore quelques lueurs au milieu de cette
nuit profonde. Sans doute, on peut reprochera Claudien de
l'enflure et un peu de monotonie dans sa versification ; mais
on ne peut s'empêcher de reconnaître qu'il a du feu, des vers
admirables, et parfois de belles inspirations. Il jouit, de son
vivant, d'une grande réputation et obtint les honneurs d'une
statue placée dans le Forum de Trajan. Il s'attacha a Stilicon,
le plus grand homme de guerre de son temps, qui aurait pu
sauver Rome et qui préféra la trahir. La plupart des poèmes
de Claudien sont destinés à célébrer les victoires de son pa-
 tron , ou aie venger de ses ennemis Rufin, Eutrope et Gildon.
    Stilicon avait repoussé quelques peuplades germaniques
 appartenant à la nation des Francs et les avait forcées à vivre
 en paix sur leur territoire ; Claudien s'écrie dans son enthou-
 siasme :
         PascatBelga pecus mcdiumque ingressaper Albin,
         Gallica Francorum montes armenta percrrenl.
         Que le pasteur gaulois franchissant la frontière
         De l'ennemi vaincu vienne fouler la terre,
         Et jusqu'au bords de l'Elbe, à ses troupeaux errants
         Qu'il lasse parcourir les montagnes des Francs.

   (I) Ausone, Rutilais Numatianus, Sidoine Apollinaire,