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                         ANTOINE BERJON.                         171
 En effet les tons verts et les laques, disparus de même que les
 glacis sous l'influence d'un soleil trop ardent et d'une lumière
mal distribuée, ne laissent plus voir que les dessous, et comme
le squelette de ce qui fut autrefois un très-remarquable tableau.
De semblables accidents sont d'autant plus à déplorer qu'un pa-
reil malheur est réservé, dans un avenir qui n'est peut-être pas
très-éloigné, à tous les autres tableaux qui sont placés dans cette
galerie ; si l'on n'y prend garde et si l'on ne se hâte d'y porter
remède en changeant complètement ses conditions d'éclairage
 et de ventilation, il arrivera certainement un jour où pas une de
ces toiles qui sont l'honneur et la richesse de notre cité, n'aura
pu résister aux agents de destruction qui les menacent. Les au-
tres tableaux à l'huile de Berjon , à l'exception toutefois de ce-
lui qui porte le n° 12, le Cadeau, ont moins souffert que le
n° 3. C'est dans ceux-ci que l'on peut admirer les grandes
qualités qui l'on placé si haut dans l'estime des connaisseurs : la
précision et la vigueur du modelé, l'exactitude des formes et
cette vérité dans le dessin et la couleur des objets qui en fait
reconnaître de suite la substance, comme dans le n° 8, Nature
morte, Coquillages et Madrépores, ainsi que dans le n° k , les
Raisins et dans le n° 6 qui représente des pivoines, des roses,
des tulipes et d'autres fleurs dans un vase d'albâtre posé sur
une table de marbre. On a beaucoup dit et beaucoup répété
que les ouvrages de Berjon ne se faisaient point remarquer par
cette richesse et cette variété de composition qui ont si fort grandi
la réputation de quelques peintres de fleurs. Cette remarque est
juste et fondée dans une certaine mesure, car si Berjon, plus
attentif à vaincre les difficultés que présente une imitation exacte
et consciencieuse de la nature qu'à l'exagérer ou à l'embellir,
s'est moins préoccupé des avantages d'une composition ingé-
nieuse et savante, il ne serait pas exact, non plus, de dire qu'il
les a tout à fait négligés. Il n'y a pas bien longtemps que nous
avons vu, dans une collection particulière, quelques morceaux
choisis à qui rien ne manque des qualités essentielles à toute
œuvre d'art. Seulement ce n'est pas dans la peinture à l'huile
que Berjon a montré tout ce qu'il savait et tout ce qu'il pouvait.