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150 PEINTURES MURALES avait donc à se reporter à cette époque où l'art cbrétien n'avait rien de défini, où il se cherchait lui-même, où, pour exprimer les nouveaux symboles, il se servait des traditions et de la science antiques ; car, disons-le en passant, à l'inspection des premières peintures chrétiennes, on est frappé de leur trouver un air de fa- mille avec les peintures grecques dont nous possédons encore quelques précieux fragments. Le style et le faire sont les mêmes, il n'y a de changé que l'expression ; on dirait qu'elles ont été exé- cutées par des artistes grecs convertis, qui ont mis leur talent au service de leur nouvelle croyance. M. Flandrin devait donc employer à Ainay le style antique, transfiguré par l'expression chrétienne. Outre la gravité et le sé- rieux que comportait par elle-même une œuvre destinée à venir en aide aux chants pieux, à la parole sainte, aux cérémonies du culte, le peintre devait encore imprimer à son œuvre un carac- tère de force et de sévérité en harmonie avec ces murs revêtus de reliefs presque barbares, et avec les robustes colonnes qui se dressaient autour de lui. Ces peintures ayant été exécutées dans de pareilles conditions, on comprend que bon nombre de ceux qui ont été les visiter n'y aient pas trouvé ce qu'ils attendaient. Pour cette masse de spec- tateurs, en effet, à qui l'art n'a été révélé que par les tableaux de chevalet et ces agréables caprices que l'on étale à Lyon aux expo- sitions, une œuvre d'art n'a d'autre importance que celle d'une distraction de bon goût, d'une diversion récréative aux préoccu- pations commerciales. Ils ne vont pas devant un tableau avec l'idée d'appliquer leur esprit, et encore moins de recevoir un en- seignement. Par conséquent, dans l'œuvre de M. Flandrin, il n'y avait guère de quoi répondre à de pareilles dispositions. Cette peinture austère ne prétend passer par les organes que pour arriver à l'âme, parler aux yeux comme une parole modeste et simple frappe les oreilles pour faire parvenir la pensée à l'esprit : le signe extérieur n'est que son vêtement indispensable : ces peintures appartiennent éminemment à l'école spiritualiste. Distinguons cependant dans leur caractère quelques nuances. Il est plutôt religieux que pieux. Ce n'est pas le point de vue