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DISCOURS DE M. HEINRICH. 137 tique doit admirer cette alliance de la science et de la poésie et rendre grâce au travailleur infatigable qui devança, qui pré- para la Renaissance. La vie de Pétrarque s'écoula en d'in- cessantes recherches pour retrouver et transcrire les ma- nuscrits anciens. Un jour, dans la bibliothèque de sa maison d'Arqua, ses domestiques le trouvèrent penché sur un livre et sans mouvement ; habitués à le voir passer ainsi des journées entières, ils craignaient de troubler la silencieuse méditation de leur maître ; mais ils reconnurent bientôt que la mort l'avait surpris dans ce travail qu'elle seule avait pu interrompre. Pétrarque n'était plus; mais son élève, Jean de Ravenne, continue son rôle de restaurateur des lettres, et autour de lui se groupent des disciples avides de pénétrer cette antiquité si peu connue. Ainsi, Dante, par son culte pour Virgile, Pétrarque par ses découvertes littéraires, ont inspiré à l'Italie l'amour des anciens ; amour qu'ont partagé tous les grands esprits du moyen âge, et que partageront, il faut bien l'espérer, Messieurs, les saines intelligences de tous les temps. On aimerait à s'attacher à ces deux grands hommes qui résument en eux toute l'histoire de leur siècle. Que de ques- tions ne soulève pas l'étude de leurs œuvres et de leur vie ! Les communes italiennes y apparaissent avec leurs dissen- tions intestines, qui mirent si souvent aux prises les Guelfes et les Gibelins, et forcèrent Dante à errer proscrit loin de sa patrie. Mais le tumulte des armes n'interrompt point les luttes plus pacifiques de l'Ecole. Les disciples se pressent autour des chaires où l'on commente Pierre Lombard, le maître des sentences. Saint Thomas d'Aquin et saint Rona- venture fondent deux grandes écoles théologiques entre lesquelles se partagera tout le moyen-âge ; Dante, non moins docteur que poète, aussi profond que saint Thomas , aussi ardent que saint Ronaventure, résumera en vers éloquents