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LES TROIS CIUPELON. 77 montrer rebelle à ses remontrances, s'inclinait, docile comme un roseau. S'il faut eh croire son biographe, « Chapelon fit un rêve, « dans lequel il crut être cité au tribunal de Dieu , pour y être « jugé selon ses œuvres. » Afin de lui donner le temps d'expier ses fautes , on lui accordait un délai de trois ans... En proie à l'agitation que lui aurait causé ce rêve , Chapelon serait allé , en toute hâte, trouver M. deSolleysel, qui aurait saisi avec empres- sement cette nouvelle occasion pour tenter de détourner notre poète du culte des Muses. Il est permis de douter de ce récit : l'esprit de Chapelon, il faut en convenir, n'offrait guère de prise au merveilleux , bien qu'en somme il fût très-éloigné de viser à l'esprit fort. Si , parfois , dans ses poésies, il se laisse entraîner à des peintures un peu vives, un peu trop vives même , on n'y trouve jamais un mot qui frise l'irréligion. Mais si la foi de Cha- pelon était sincère, il est vrai de dire aussi qu'elle n'était pas fort timorée et farouche, et qu'elle se pliait assez volontiers à certaines exigences permises de la vie. Notre abbé même avait un faible pour la bonne chère et le bon vin, mais c'était dans de justes limites. Au reste, lui-même ne s'en cachait pas. Comme poète , il avait déjà acquis une grande réputation dans les rangs du peuple : partout on chantait ses noè'ls et ses chan sons ; comme homme , et comme prêtre, il était partout aimé , estimé et fêté. Les malheureux avaient trouvé en lui un cœur compatissant et dévoué. On sait avec quelle éloquence il peignait la détresse des pauvres pour toucher l'âme des riches. Mais malgré tout le bien qu'il faisait, Chapelon avait des envieux. Il fut dénoncé à l'officialité comme un instrument de scandale et comme un mauvais prêtre. Cette accusation était si étrange , si dépourvue de fondement que notre abbé en fut bien moins affligé que surpris. Il en fit part à M. Colombet, curé de Saint-Etienne , son ami depuis Ion gués années. Celui-ci ne put lui déguiser le chagrin que lui eau sait cette fâcheuse nouvelle : « Rassurez-vous , dit Chapelon en « souriant ; sans doute, Monseigneur aura fait tuer un cochon , « et il veut me donner une fricassée (1) » (r) Notice Je l'abbé Chauve. Je demande (lardon au lecleur de celle