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4;Ã6 M. HEN.VUI). de l'ut d'occasion). Ample et vibrant à ta t'ois, le timbre n'a rien de sec, ni d'étouffé, dégénérescence sï commune dans les cordes supérieures de ce registre. C'est une expansion généreuse et facile qui, à volonté, plane majestueuse dans le calme re- cueilli de l'andante, ou se termine par la gracieuse cascade d'un point d'orgue vivement égrené perle à perle , sans res- sauts ni bavures. On sent que les notes au-dessus de la portée fondent son vrai domaine, sa culture de prédilection. C'est là qu'il produit ses plus magnifiques effets. Et non pas, s'il vous plaît, en saisissant au vol, comme tant d'autres, quelques-uns de ces points culminants, longtemps et visiblement battus en brèche5 où ils se cramponnent et semblent dire : A nous, Sébastopol ! mais calme, correct, sachant prendre et quitter le son, chantant et phrasant là aussi bien, mieux que dans la partie moyenne de l'échelle. Car — qui ne l'a senti, et qui pourrait l'oublier en écou- tant M. Renard? —la nature a placé dans les trois ou quatre tons élevés de la voix de ténor ce charme irrésistible, ce luxe de perfection, reflet de sa grâce propre, dont chacun des êtres créés offre, dans un point de sa structure ou daas un moment donné de sa carrière, le signe révélateur. Ils le connaissent bien, tous les bari-ténors retombant estropiés pour avoir visé trop haut ! Ils le savent aussi, tous ces ténorinis éraillés qui se pro- clament des luiprez parce qu'ils ont pu maintenir un instant leur pavillon tremblotant sur les ouvrages avancés du fameux ut ! Mais à quelques-uns seulement, il appartient de conduire le chant dans ces hautes régions avec l'aisance des vocalises de solfège : à quelques-uns, il est donné de sentir et de faire sentir l'inexprimable jouissance de la création mélodique traduite dans le seul langage vraiment digne d'elle. Ceux-là , le monde sait leurs noms, et la postérité ne les oubliera pas.- Garcia, Davide, Nourrit, Duprez, Rubini ! À cette illustre phalange faut-il ajouter un nouveau nom ? Oui, je le dis sans hésiter, s'il est vrai, toutefois, qu'en musique comme ailleurs : Un sonnet sans défaut vaut seul un long poè ne.