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M.. JULES JAN1N. 303 combien de tableaux, un mot, (cela arrive plus d'une fois), •un mot, dis-je, parti du cœur ou de l'esprit ? Il préférera mille fois que je l'entretienne de ce livre spi rituel et de ce jeune artiste, tous deux de tant d'avenir, ou voire même que le critique parle pour son propre compte. Et pour lui faire voir, au public, tout ce qu'il gagne, Messieurs les auteurs dramatiques, à laisser de côté vos pièces absur- des, je lui en raconterai une de temps en temps. Je suivrai votre drame, votre comédie d'un bout à l'autre, à partir de la première scène. Je prendrai pour cela mon courage à deux mains; rien ne m'arrêtera, ni cette prose, traînante et décolorée, ni la voisine qui baille, ni le voisin qui siffle, je serai, s'il le faut, le seul attentif de la salle, je vous dirai comme Hernani: Oui, de ta suite, ô roi, de la suite, j'en suis, Et puis je serai l'historien de l'œuvre jusqu'à son der- nier mot, ou jusqu'à cette scène ridicule, immorale ou odieuse sur laquelle le parterre indigné, à bout de patience, aura fait baisser le rideau. Vous n'aurez fait bailler que mille personnes, je ferai moi, avec vous, bailler toute la France. Mais cela, ne comptez pas que je le fasse souvent: le public ferait de moi comme de vous, ils me planterait là , ce qui ne ferait pas mon affaire. Donc, quand la semaine n'a produit que des vaudevilles, des comédies et des drames morts-nés, de ces choses, il ne dit qu'un mot: une pelletée de terre, c'est tout ce qu'il doit à ces avortons. Il jettera quelque fois une banale consolation à l'auteur sifflé. N'est-ce pas M. Janin qui a inventé te mot stéréotypé dans bien des feuilletons : la pièce est d'un homme d'esprit qui prendra sa revanche?En attendant que l'auteur la prenne ou ne la prenne pas notre critique n'est pas em-