page suivante »
266 VARIÉTÉS. LE GÉNÉRAL PARTHOUNEAUX AU MINISTRE DE LA GUERRE. Lyon, le 15 mars 1815. MONSEIGNEUR , J'ai l'honneur de prévenir votre Excellence que j'ai exécuté ses ordres de partir de suite de Paris et de me rendre en poste à Lyon pour y être à la disposition de Monsieur, frère du roi. Je suis arrivé dans cette ville le neuf au soir, et je me suis empressé de me rendre chez Monsieur, auprès duquel se trouvoit M. le duc d'Orléans. Ces princes me parurent très-affectés de la nouvelle que les troupes qui étoient à Grenoble avoient été au-devant de Napoléon , et que cette ville même s'étoit soumise à lui. On avoit appris en même temps la défection du 4 e régiment de hussards. On n'éloit pas très-rassuré sur les dispositions des troupes qui étoient à Lyon, et la population de cette ville montroit peu d'enthousiasme. Enfin, le même soir, arriva M. le maréchal Macdonal, que les princes at- tendaient avec impatience , et virent arriver avec le plus grand plaisir. Ils voyoient en lui un général qui avoit des droits à l'estime , à la confiance , à l'attachement des troupes. M. le Maréchal ne parut pas satisfait de l'état des choses, et ensuite on manquoit d'artillerie cl de munitions de guerre. Pour le lendemain matin M. le maréchal ordonna une revue : à cette revue , il harangua les troupes, leur tint le langage de l'honneur, les engagea à faire leur devoir, leur fit envisager les horreurs d'une guerre civile, une invasion de troupes étran- gères, etc., etc. Il fui écoulé avec respect, avec attention ; mais rien ne put déterminer les troupes à crier : Vive le roi ! Monsieur passa ensuite cette troupe en revue, lui paria avec bonté, avec douceur ; ou Je voyoil avec intérêt, sa situation étant aussi pénible que désagréable ; mais le même silence régna , quand il fut question de crier : Vive le roi ! La revue terminée, une partie de la troupe fut envoyée sur le quai et sur les ponts du Rhône qui éloient seulement baricadés (sic) par quelques arbres taillés , et l'autre partie fut mise en réserve sur ia place de Belcour [sic). On pouvoit juger de l'influence qu'avoit le nom de l'Empereur sur l'es- prit de la troupe, influence qui tient du charme , car le roi est aimé : mais les étrangers ont voulu trop humilier la France, et en l'humiliant i)s onl fait la perte du roi. La nation et l'armée ne veulent pas supporter cette luimiliation. Monsieur, frère du roi, n'espérant plus rien et ne pouvant plus rien es- pérer, se détermina à partir : il avoit été précédé par M. le duc d'Orléans.