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SUK M. LEON BOITEL. 195 une grande résolution. L'imprimerie de Pelzin était à vendre ; malgré un reste d'opposition de son père, il s'en rendit acquéreur, dès lors tout sembla lui sourire ; il avait trouvé sa vocation. Le caractère facile et liant du nouvel imprimeur l'eut bientôt fait aimer de cette foule de jeunes écrivains qui, après la révo- lution de juillet, s'occupaient avec une si vive ardeur de politique et de littérature. L'imprimerie du quai Saint-Antoine devint comme un lieu de réunion où se rencontraient Ozanam et Collombet , Chelle et Breghot, l'abbé Jacques et Leymarie ; MM. Bertholon, Fraisse,Hénon, Hedde,Gingins-Lassaraz, les abbés Greppo , Dauphin , Pavy ( -1 ) et Lyonnet , (2) et quelquefois M me Desbordes Valmore, pléiade brillante , aujourd'hui dispersée, noms illustres pour la plupart et dont quelques-uns appartien- nent déjà à la postérité. Boitel était le lien qui réunissait toutes ces individualités si diverses ; sa verve, son entrain, son affabilité empêchaient toutes ces opinions de se heurter. De ces réunions vives et animées sortirent plusieurs publica- tions. Lyon vu de Fourvière parut en 1833. Ce recueil piquant, dans le genre du Livre des Cent et un, est signé de la plupart des noms que nous venons de citer. Si on n'y rencontre pas ceux des membres du clergé que nous avons rappelés, on peut en échange y ajouter ceux de MM. Péricaud, Falconnet, Pétetin, de Terrebasse et, ce à quoi on ne s'attendait pas peut-être, ceux de Jacques Arago, de Michelet et d'Alexandre Dumas. Le succès de cette publication prouva qu'il y avait un élément littéraire à Lyon et qu'il ne fallait que savoir l'exploiter. Le 1 e r janvier 1835 parut le premier numéro d'un recueil qui, depuis vingt ans, a poursuivi vaillamment sa carrière, Boitel venait de créer la Revue du Lyonnais. L'histoire de cette Revue serait longue et difficile à faire. 11 fallut à son Directeur bien de la fermeté, du goût, du sens et de l'habileté pour la diriger, comme il l'a fait, à travers mille écueils ; là «st le plus beau titre de gloire de notre prédécesseur, là se trouve le secret de sa vie. Partagé entre les travaux de son im- primerie, la correction des épreuves, la réception des visiteurs, il lui fallait être continuellement sur la brèche, pour lire les ma- nuscrits, choisir les bons, ajourner ou rejeter les autres, ne bles- ser aucun amour-propre, ne se lier à aucun parti, rester simple- ment littéraire et, quand un événement imprévu survenait, lors- qu'une place restait à remplir, faire au courant de la pensée l'article qui devait compléter le numéro. (1) Aujourd'hui évêque d'Alger. (2) Évêque de Saint-Floue.