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       HEURES DE PARESSE,     poésies par   M. MORIN-PONS.

   Nous n'étonnerons aucun de ceux qui suivent avec quelque
intérêt le mouvement littéraire de notre époque, en disant que
l'art de la versification s'est notablement vulgarisé dans ces der-
nières années. Beaucoup de gens, nous ne disons pas beaucoup
de poètes, font de bons vers, et l'on ne voit plus guères paraître
de ces œuvres immenses et informes, comme il s'en est tant pro-
duit en France, et dont la platitude fait reculer, dès les premières
lignes, le lecteur le plus affamé de poésie. De nos jours, sur vingt
volumes de vers, il y en a, en moyenne, un bon et deux pas tout
à fait absurdes ; le reste est supportable, c'est-à-dire lisable, ce
qui n'est pas un mérite négatif en matière de versification.
   Peut-être est-ce à cette facilité, à cette vulgarisation du méca-
nisme poétique que l'on doit attribuer le manque d'oeuvres hors
ligne au milieu de beaucoup d'ouvrages élégants et remarqua-
bles. L'égalité est funeste dans les arts et si tout le monde était
sublime tout le monde serait médiocre.
   Depuis le grand mouvement intellectuel de la fin de la restau-
ration, et sauf quelques exceptions bien rares, aucun grand poète,
aucun grand écrivain ne s'est révélé, et les mêmes hommes
occupent toujours l'emploi de premiers rôles sur la scène littéraire.
 On s'en aperçoit, d'ailleurs, à leur épuisement et à leur lassitude.
 Plusieurs et des plus célèbres, ne trouvant plus rien de nouveau
 à dire, mettent leurs souvenirs en coupe réglée, et découpent en
 chapitres leur vie intime pour se servir tout vivants au public.
Nous ne pouvons que plaindre ces illustres pélicans qui nous
 convient à leur dernier festin, en nous offrant une place où la
 postérité s'assied seule d'ordinaire. Mais nous regrettons que