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DE GU1CHEN0K. 107 Le style épistolaire de Guichenon présente un caractère moins hybride, des allures plus légères, plus françaises en un mot que celui de ses histoires. On sait que ce n'est pas par le style que se recommande cet auteur, et que la lecture de ses oeuvres est assez fastidieuse pour que le savant cardinal de Gerdil ait pu dire sans trop d'exagération : « Je ne crois pas qu'il y ait personne au monde d'assez aguerri contre l'ennui pour lire cet auteur en entier. » C'est donc par le côté utile, par le fonds plutôt que par la forme que cet auteur doit être apprécié, d'autant plus qu'au temps où il écrivait la langue française n'était pas encore formée, et surtout épurée. Guichenon a vieilli, mais il n'a pas été remplacé ; il occupe encore sans conteste, parmi les histo- riens, la place éminenle qu'il sut conquérir vers le milieu du XVIIe siècle par ses travaux érudils. Ses œuvres sont en- core de nos jours lues et consultées, comme elles l'étaient de son temps, par tous ceux qui veulent acquérir la connais- sance sérieuse de l'histoire de la Bresse, du Bugey, de la Savoie et du Piémont. L'envie s'est acharnée contre lui pen- dant sa vie ainsi qu'elle a coutume de le faire contre toutes les supériorités. Ce fui surtout son retour sincère aux croyan- ces catholiques qui lui suscita les plus ardentes inimitiés. On l'a taxé de vénalité et même d'ignorance. Les morsures les plus envenimées lui ont été faites par Philibert Collet, son indigne neveu, et par les protestants Bayle et Jean Léger. Sa gloire n'en a pas élé amoindrie. Est-ce à dire qu'il soit de tout point irréprochable comme historien? Voici le ju- gement qu'a porté sur lui un érudit d'un très-haut mérite, M. Léon Menabre, qui, après avoir rendu pleine justice aux qualités supérieures de noire historien, caractérise comme il suit ses parties défectueuses. « Il est reconnu aujourd'hui que Guichenon était peu versé en paléographie et en nu- mismatique; les sceaux et les monnaies dont il a donné les