page suivante »
SUR LA LITTÉRATURE FRANÇAISE. 59 du vrai, du bon et du bien, c'est-ù-dire de Dieu, et par con- séquent, sur la volonté de rendre tout dans l'homme conforme à cet idéal divin. » 11 ajoute enfin : « L'homme n'est un être moral que parce qu'il est une volonté intelligente, capable , comme intelligence, de percevoir le beau et le bien, et comme volonté, d'y conformer ses pensées, ses sentiments, ses pa- roles, ses actions. » Avec de tels principes on ne s'égare jamais beaucoup. Quant à la maxime de Bacon , elle est juste , il faut l'admettre ; mais Bacon m'inspirerait plus de confiance dans une théorie sur la nature qu'en matière de foi et de vertu. Cette préoccupation constante de l'idée morale et religieuse est une bien précieuse garantie. Toutefois, elle me semble entraîner trop loin l'auteur quand il apprécie l'enseignement philosophique de ce temps. Toute discussion sur ce point serait trop longue ici ; contentons-nous de préciser. L'esprit de la philosophie apparaît surtout dans l'enseignement psy- chologique de l'origine des idées. Au commencement de ce siècle on enseignait avec Locke, Condillacet Arislote, mal interprété, que les idées venaient de la sensation , système qui touche évidemment au matérialisme. Depuis plus de vingt-cinq ans on enseignait avec Platon et Descartes que les idées procèdent de certains principes innés dans l'âme. MM. Royer-Collard et Cousin ont marché à la tête de ce mouve- ment essentiellement spirilualisle; et, on sait que M. Cousin, même depuis qu'il ne professait plus, n'a pas cessé de diriger l'enseignement philosophique. Il y a donc eu progrès moral. M. Nettement fait l'éloge de MM. Royer-Collard et Cousin, mais ne s'aperçoit pas de ce progrès général. Ses ombrages vont plus loin : citant Mgr l'évoque de Char- tres, il croit qu'on voulait mettre la philosophie à la place de la religion. Personne assurément n'y a songé , et la supposi- tion est peu charitable. Que M. Damiron , dans sa préface