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LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EN ORIENT. 37 lution aussi hautement exprimée toute insistance eût été au moins maladroite, et, dès le lendemain, Rincon jugeant le moment inopportun pour négocier, prit son audience de congé. On lui remit une lettre autographe dans laquelle le Sultan traitait le roi de France de frère et de Padischa. La maladie du capitaine Rincon qui s'était gravement ac- crue par les fatigues de ce voyage le contraignit à prendre du repos à Venise, malgré les dangers qui l'y menaçaient. 11 parvint heureusement à dissimuler sa présence et a se soustraire au mauvais parti que lui eussent réservé les agents espagnols déçus dans leurs espérances au sujet de Soliman. Ce séjour forcé à Venise ne resta pas sans résultat. En homme habile, Rincon se créa des relations et des intelligences telles qu'il lui fut possible de surveiller les intri- gués de Charles-Quint près du Sénat. Sa rentrée à la Cour de France n'eut lieu qu'en 1533 ; une faveur bien mérilée l'y at- tendait. En récompense de son dévoùment, François Ier lui fit don de la seigneurie de Germoles et le nomma son conseiller et chambellan. Peu après, ses services, son courage et sa haute intelligence lui valurent une nouvelle mission en Italie. Les commerçants de Marseille qui jouissaient déjà d'une immense considération dans les états du Grand-Seigneur s'af- franchirent vers celte époque de l'entremise des facteurs vé- nitiens et commencèrent à Irafiquer directement avec les pays du Levant. Grâce à la haute protection dont il était l'objet, le négoce prit de l'importance. Nul comptoir perma- nent, nul agent officiel n'existait encore dans ces escales où l'on ne connaissait d'autres autorités françaises que les consuls ou représentants du commerce et les capitaines de navires. Ce n'était que dans des cas fort rares qu'on avait recours à l'envoyé de France lorsqu'il s'en irouvail un, car ainsi que nous l'avons vu jusqu'à présenl, ces envoyés n'é- taient que de passage, chargés d'une mission particulière après