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450          NOTICE SUR SAINT-RAMBERT-DE-JOUX.

tels brisés, des chaises mises au rebut, d'immondes débris en
compagnie d'un balai peu fatigué ; mais l'œil du dévot de nos
jours ne se choque point de ces affronts à un culte sublime, 11
lui suffit que l'autel de sa sainte chérie soit orné de porcelaines
comme la cheminée d'un malade, et sa fenêtre drapée de cali-
cot rouge et jaune, accord harmonieux. On peut mutiler sous
ses yeux les tombeaux, cette parure instructive du sol des tem-
ples, repeindre les vieux autels avec des couleurs criardes, dé-
truire ou cacher les inscriptions, que lui importe ! Il a, lui, dans
sa chapelle de prédilection, un saint de bois doré ou de carton-
pierre ; il a un tabernacle peint de toutes les couleurs de l'arc-en-
ciel, des lithochromies contre les murs, et des bouquets de per-
cale sous des cylindres de verre. 11 ne désire rien de plus et se
rit de lar paroisse voisine, qui en est réduite à ses statues gothi-
ques et aux simples fleurs des champs.
   Ces reproches s'adressent à la plupart des églises du pays, et
celle de Saïnt-Rambert doit en prendre sa part. A l'exception
d'un tableau ancien à compartiments et d'une chaire en bois
sculpté d'un joli travail, son mobilier ne respire qu'une misère
vaniteuse et le goût le plus dépravé. Nous ne reprocherons pas à
la génération présente les tentatives de destruction qu'on a faites
sur les nombreuses pierres tumulaires du pavé; mais ce que
nous ne lui pardonnons pas, c'est de jouer à la cathédrale , c'est
de créer une foule de chapelles inutiles, lorsque le sanctuaire
lui-même est en souffrance ; c'est de couvrir de guenilles et de
paillons les parois du temple, comme s'il ne devait pas entrer
dans sa décoration d'autres éléments que dans celle d'une cham-
bre à coucher '. Avec l'argent qu'on a mis à ces colifichets, on
aurait pu restaurer les tombes , remplacer le maître-autel, as-
semblage ridicule de courbes disgracieuses, par un autel de mar-
bre d'un style large et sévère. On aurait eu des vitraux peints au
lieu de baldaquins en calicot, et de véritables statues au lieu de
ces images qu'on ne peut regarder sans rire. Les bons conseils
n'ont pourtant pas manqué. Pour opérer cette réforme, pour
faire de notre église une église véritable , il faudrait abattre la
soupente des Pénitents et supprimer trois ou quatre chapelles ;