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ÉLOGE DE LOUIS-GABItlfcX SUCHET. 209
« vous déclare que , si Monseigneur le duc d'Angoulêm©
« arrive à Lyon , nous irons le visiter ensemble, et nous
« lui rendrons les honneurs qui sont dus à son rang et Ã
« ses vertus ! »
Vers le môme temps , le duc d'Albuféra était venu faire
hommage de ses dignités au modeste village de Saint-Ram-
bert-1'Ile-Barbe. Il entra à la villa la JUignone , d'où il
était parti pour tant de victoires et tant de grandeurs.
Ses yeux se voilèrent, et sa mémoire remonta vers les
choses , les rêves, les tendresses d'un autre temps. Il se
donna un moment l'illusion du passé en revoyant ces déli-
cieux jardins enrichis d'eaux et de verdure , dont les arbres
avaient versé leurs premières ombres sur ses premiers pas
dans la vie. Après quelques instants de repos, il se rendit
chez le curé de la paroisse , l'abbé Gubian. — « Monsieur
« le curé, lui dit le maréchal , voici six cents francs que j'ai
« l'honneur de vous remettre pour les besoins de votre
« église et le soulagement de vos pauvres. Vous vous expli-
« querez facilement cette marque d'intérêt, lorsque je vous
« aurai appris que j'ai passé les plus studieuses et les plus
« pures années de ma jeunesse dans cette paroisse , où je
« retrouve aujourd'hui , avec émotion , les paysages, les
« lieux, les maisons, les noms de familles qui me retracent
« mes plus lointains souvenirs. Je faisais alors mes études
« au collège de l'Ile-Barbe. J'allais au catéchisme dans
« votre église, et en visite au presbytère chez l'un de vos
« prédécesseurs, M. l'abbé Barret. Le nom de ce vénérable
« prêtre a réveillé en moi des souvenirs qui me sont chers et
« qui ne s'effaceront jamais : les impressions de cette heu-
« reuse époque de ma première jeunesse sont tellement
« restés gravés dans mon esprit, que ma mémoire se rappe-
« lait , au milieu des camps, les faits et les lieux , comme
« si tout cela n'eût daté que de quelques mois. Je retrouve
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