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480 SOUVENIRS DES ALPES. Genèvre , exprima le vœu qu'ils .fussent réparés el dotés comme celui du mont Genèvre par le budget de l'État. L'ad- ministration de ces hospices si faiblement dotés a beaucoup varié ; elle fut longtemps confiée aux curés et aux officiers municipaux des communautés. Les principales clauses que l'on exigeait des fermiers était de secourir les voyageurs et de sonner la cloche pendant la tempête. Dans son Mémoire sur la stastiïique du département des Hautes-Alpes , M. Bonnaire , préfet de 1800 à 1802, dé- montrait ainsi l'utilité de ces maisons hospitalières : « S'il y a des établissements précieux pour l'humanité , recommandables aux yeux du Gouvernement , ce sont sans doute ces hospices, situés au pied ou sur le sommet des mon- tagnes élevées , qui, battues souvent parla tempête , devien- draient , sans celte utile institution , le tombeau de ceux qui les traversent sans connaître, ou , en bravant imprudemment le danger. Au milieu môme de la belle saison , lorsque la nature , parée de lous ses charmes , fait oublier , dans les plaines, l'hiver, et ses rigueurs, il arrive souvent qu'une tourmente horrible se forme sur ces cîmes sourcilleuses , presque toujours enveloppées dans les nuages : alors les vents , déchaînés avec fureur , se combattent, s'entrecho- quent avec d'épouvantables mugissements; les couches de neige, soulevées avec violence , dispersées dans les airs , obscurcissent le soleil; poussées fortement dans les yeux , sur la figure du voyageur, elles lui ôtent la vue , la respiration , obstruent lous les passages : au milieu de ce bouleversement, de ces convulsions de la nature en désordre , un faux pas , une fausse direction l'ensevelissent dans d'horribles préci- pices, si le son lugubre , mais rassurant, d'tine cloche voisine, ne lui annonçait que près de lui est une habilation d'hommes sensibles à son malheur ; c'est pour le guider, pour le con- soler, que ce son se fait entendre ; il le sait , et cette idée