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SUR LA VIE ET LES OEUVRES DU P. DES BILLONS. 193 ou des éditeurs. 11 fit un long et docte commentaire, où il ex- pliquait les endroits obscurs et difficiles, justifiait les expressions et les tours de phrase que certains censeurs avaient attaqués, rendait compte des corrections qu'il avait faites, et relevait les erreurs de bien des commentateurs. Il joignit à ce travail un ample recueil de toutes les variantes qui se trouvent dans les éditions les plus renommées, et dans les plus anciens manuscrits. Phèdre ainsi revu, corrigé, commenté devait paraître en 1760 ; mais, l'imprimeur s'obstinant à vouloir y mettre des estampes peu modestes, le P. des Billons aima mieux perdre la gloire de son travail que de voir rien d'indécent dans un livre dont il était éditeur. 11 entreprit aussi de réparer , autant qu'il put, les altérations faites au texte de Térence, où la mesure est défectueuse dans plus de la quatrième partie des vers, qui doivent être de six, de sept ou de huit pieds. Il vint à bout de donner une mesure convenable aux vers des trois premières comédies, sans y faire presque rien autre chose que des transpositions. Mais, il avouait qu'il était fort éloigné de se flatter, pour cela, de les avoir remises dans l'état où elles devaient être. L'application qu'il donnait à ces différents sujets, et à des la- beurs plus considérables encore, qui auraient épuisé tout le temps d'un autre que lui, ne l'empêchait pas de travailler pour les Mémoires de Trévoux, auxquels il fournissait souvent des extraits, ni de s'occuper des ouvrages de tous ceux qui voulaient profiter de ces lumières. Personne ne possédait mieux que lui la langue latine, et n'en connaissait mieux les beautés. Il avait un tact délicat et un goût auquel nul défaut n'échappait. La plus grande entreprise que le P. des Billons ait faite, celle qui lui coûta le plus de soins et de travail, et qui aurait effrayé une société de littérateurs, c'est l'histoire critique delà littérature latine. Voici ce qu'il en a écrit lui-même : « Nous avons cru que l'histoire critique de la langue latine, de sa naissance, de ses pro- grès, de sa perfection, de sa décadence, de son anéantissement et de sa renaissance pourrait intéresser le public, de la manière dont nous avons dessein de la traiter. Ce n'est point une histoire 13