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                    DE L'HISTOIRE DE FRANCE.                      511
 à cette loi commune ; elle aussi fortifia ses édifices, entretint des
 hommes d'armes et prît sa part du malheur des temps. Il sem-
 bla que la société ne fût enfin sortie victorieuse de sa lutte
 contre les invasions, que pour retomber dans le désordre maté-
 riel par l'absence de la paix publique, et dans cet affaissement
 moral qui est l'inévitable conséquence du désordre matériel.
    Le gouvernement féodal avait donc besoin d'être modifié, réglé
 et surtout ramené à l'unité qui lui manquait. Vers le XIe siècle,
nous voyons le morcellement s'arrêter, et le pouvoir se concen-
trer dans plusieurs grands fiefs, entr'autres dans le duché de Nor-
mandie. Quelques exemples de réunion, d'alliances, entre des
souverains divers pour une guerre commune ou même pour un
acte législatif déterminé, semblent prouver un essai de fédéra-
tion-, mais le système fédératif, le plus complexe de tous les sys-
tèmes, celui qui exige le plus d'habileté et de lumières, était
inapplicable à la société féodale, au sein de laquelle la puis-
sance était inégalement morcelée, les intérêts locaux, l'horizon
de la vie étroit et borné.
   L'avènement de la maison capétienne, en rendant aux rois
un territoire et un domaine, releva la royauté, qui, tout ébranlée
qu'elle fut, était restée pourtant, dans les idées de l'époque, la
source de toute puissance et de tout droit. Elle ne tarda pas à
redevenir l'espérance de la société ; mais avant qu'elle entreprit
de nouveau de centraliser la France et de créer un gouver-
nement, l'Eglise se remit à l'œuvre ; elle lui aplanit, lui fraya
la voie.
   Ne nous étonnons pas de cette intervention si souvent re-
nouvelée de l'Eglise dans la poursuite du même but. Les mê-
mes causes entraînent des effets semblables. L'Eglise, déposi-
taire en ces temps de toute la puissance morale, manquait de
la force matérielle, je parle ici de son rôle comme Eglise, et je
néglige le rôle trop souvent militaire que ses évoques, ses abbés
ont pu jouer comme princes, comme membres de la société féo-
dale. L'Eglise manquait, dis-je, de la force matérielle. Ce n'était
donc pas à elle qu'il appartenait d'arrêter les Barbares, ni peut-
être de prévenir la chute des dynasties. Mais, comme elle sauvait