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408               HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON.
   Sous sa direction et avec la collaboration de Duviquet, de Dor-
feuille et de quelques patriotes zélés, la feuille fit une rude guerre
aux aristocrates, aux nobles, aux riches, aux prêtres, au fana-
tisme et à Dieu.
   Nous n'avons jamais rien lu de plus froidement athée, de
plus franchement cynique et immoral que ces articles où l'on
disait (nous cherchons un passage adouci) :
   «      Il falloit une religion aux Français, afin que la férocité de Clovis,
les crimes de Louis-le-Jeune, les absurdités de saint Louis, la démence de
Charles VI, les débauches de François 1 e r , la scélératesse de Charles IX, les
superbes filouteries de Louis XIV, ! a crapule de Louis XV, les forfaits pol-
trons de Capet-Ie-Raccourci, les massacres de Vitry, de Vassy , des Vaudois
des Albigeois, de la saint Barthélémy passassent pour des traits d'héroïsme....
Depuis Saint-Antoine qui faisoit mourir son cochon de faim au nom du ciel
jusqu'à Pie VI qui   tout s'est fait in nomine patri.t et filii
   «        Quand un homme dit : Il faut une religion, si ce n'est pas un
 ignorant, une cruche qui n'a jamais rien vu, ni lu, ni composé, c'est un
scélérat. »

   Notre plume s'est refusée à retracer les pages libertines qui
souillent ce journal. Du reste la feuille de d'Aumale n'est point
violente comme le journal de Laussel. On y prêche continuelle-
ment la justice, l'amour delà patrie, la vertu et la sensibilité. Ce
dernier mot, si à la mode pendant le régne de la Terreur, se
trouvait sur toutes les lèvres, même sur celles des hommes les
plus altérés de sang.
   Le numéro 16 contient ces réflexions:
   « Lorsqu'on conduit à Péchafaud ou sous le feu du tonnerre du peuple les
chefs des rebelles et leurs principaux agents, la plupart des citoyens de
Ville-Affranchie paraissent frappés de terreur. Ils se demandent les uns aux
autres les noms des condamnés et ils témoignent leurs regrets presque sur tous
les coupables. Ils se disent à l'oreille : Qu'a-t-il donc fait ? C'était an honnête
homme. Habitants de Lyon, étes-vous donc tous complices des conspirateurs,
ou bien ignorez-vous les principes qui doivent vous faire regarder avec hor-
reur et comme le plus grand scélérat celui que vous appelez, un honnête
homme. Qu'est-ce que le crime ? N'est-ce pas un système de conduite tendant
à troubler la Société ?....
   « Vous appelez honnête homme celui qui payoit exactement ses dômes-