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                    NOTICE SUR M. DCGLATJX.                     145

ne demande plus si ce qu'il voit est vrai, mais si c'est joli, gra-
cieux, séduisant. Là s'est trouvé le grand échec de M. Du-
claux. Ses paysages mis à côté des peintures du jour font le
même effet qu'une jeune fille de la campagne au milieu des
bergères de l'Opéra. En vain quelque censeur voudra dire, que
la campagnarde est une vraie fille des champs, que ses com-
pagnes en souliers de satin et en jupes de soie ne sont que de
fausses bergères, le public révolté applaudira aux oripeaux, bat-
tra des mains aux rubans, aux minauderies comme au fard de
ses favorites et repoussera honteuse l'innocente jeune fille qui
a eu le tort d'être une vérité.
     Donc, depuis le jour où M. Duclaux a pris, pour la pre-
 mière fois, le pinceau, il a vu, dans nos campagnes du Lyonnais
 surtout, une nature simple, calme, des arbres et des prairies
 que l'été couvre de poussière, des' lointains dont un brouillard
 et des vapeurs éteignent la couleur, des fabriques dont jamais
 les murailles n'ont eu les reflets dorés des palais du midi, un
 soleil qui combat continuellement contre les fumées du charbon
 de terre et qui souvent s'avoue vaincu, des terrains dont l'as-
 pect un peu terne révèle les richesses minéralogiques enfermées
 dans son sein, il a étudié ce caractère, il a rendu ce genre d'as-
 pect avec une patience de Hollandais, il a imité fidèlement ce
 qu'il avait sous les yeux, et ses tableaux si vrais comparés à la
  nature, inattaquables sous le rapport de la composition et du
  dessin, ont été proclamés froids par tous les faiseurs de feuil-
  letons qui les voyaient entourés des toiles empourprées de ses
  rivaux.
     Il ne faut donc pas contempler les toiles de notre peintre au
  milieu de ces tableaux inondés de lumière qui jettent un éclat
  surnaturel, et qu'une dame comparait à des pétards ; il faut les
  voir à la campagne, au milieu des champs, dans un salon ou
  dans l'atelier de l'auteur, quand son pinceau si fin donne le der-
  nier trait à une vache ruminant avec bonhomie, ou à quelque
  brebis qui bêle en appelant son agneau ; alors la vérité vraie se
   fait jour ; on admire ce fini de travail, cette harmonie de tons,
   cette tranquillité d'aspect, cette solidité de couleur, et surtout
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