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                      M. A.-C.-H. TRIMOLEÃŽ.                       111

 nir, et dont, quelque chose que l'on fasse, on regrette l'emploi
 le reste de ses jours.
    La carrière des arts ouverte d'une manière assez brillante
 devant moi, je laissai l'hymen m'enlacer de ses festons de fleurs,
 (phrase pompadourienne) ! mais hélas ! tous liens gênent et en-
 travent la marche !...
    Quelques années se passèrent dans un brouillard, les idées
 troublées et le découragement au cœur... Je l'ai déjà dit, le dé-
 vergondage apporté dans les arts répandait en moi un malaise
 indéfinissable. Je ne savais quel parti prendre, que faire !...
 J'entreprenais mille choses ; je me battais les flancs pour metttre
mon talent à l'unisson du moment, j'anéantissais, à moitié créé,
 le fruit de mon libertinage d'esprit... je n'étais pas né pour l'art
 fiévreux. La supercherie et le mensonge me révoltaient !.. Et
personne pour me dire : faites comme vous sentez, soyez vous,
 soyez vrai, bouchez-vous les oreilles ; ne lisez rien et travaillez !
0 vilains moments que ces moments sans conviction ! que cette
vie d'aveugle et de tâtonnements !...
    Tout en me débattant dans ce chaos, l'esprit et le corps ma-
lades, je faisais cependant quelques portraits ; sans eux, je serais,
je crois, mort d'ennui.
    Pour me distraire, j'allais, à la fin de l'année 1825, passer
quelques jours à Marlieu, chez Mme la marquise de Murinais,
femme spirituelle, bonne et cultivant les arts d'une manière dis-
tinguée. Là je rencontrai M. le comte Sylvain de Costa (frère
de celui dont j'ai déjà parlé), qui revenait de la campagne d'Es-
pagne, où il avait accompagné le prince de Savoie Carrignan,
avec lequel il était intimement lié. J'eus le bonheur de faire parta-
ger à cet excellent homme l'affection vive que m'inspirèrent les
qualités de son cœur et sa charmante gaîté.
    Un jour, à la suite d'une causerie où il avait été question du
tableau de son frère, et des éloges qu'en avait faits la famille
royale, lors de sa visite au château de la Motte près Chambéry,
il me dit : seriez-vous bien aise de faire un tableau pour le
prince de Carrignan ? je sais qu'il a l'intention de faire traiter
un sujet de la vie d'Amédée VIII, et si vous voulez peindre une