Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
340              LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.

philanthropie que Louis-Philippe, alors duc de Chartres,
avait manifestés dans une visite faite avec sa sœur à ce lugubre
établissement. Tant il est vrai que nous sommes portés à
considérer d'un autre œil les offenses commises contre nous
et les nôtres , et celles qui s'adressent à des étrangers ou a
des indifférents.
   Les qualités privées de Louis-Philippe, développées par
les rudes leçons de l'adversité, répandirent sur son exis-
tence un légitime éclat, et constituèrent, si l'on peut le
dire, la raison morale de son élévation. Il était bon frère,
père tendre, époux fidèle, maître indulgent. Mais ses qualités
de famille n'étaient point à l'épreuve de cet intérêt dynas-
tique qui, devenu roi, domina tous les sentiments, toutes
les actions de sa vie. En dépit des raisons d'État ou des
nécessités constitutionnelles, l'ingratitude de ce prince à l'é-
gard de Charles X e t sa conduite envers la captive de Blaye
marqueront sa mémoire d'une tache ineffaçable, et la posté-
rité ne l'absoudra pas d'avoir maintenu son usurpation par
un acte de basse persécution. L'intrépide mère du duc de
Bordeaux venant revendiquer les armes à la main l'héritage
de son fils, avait droit d'être combattue autrement que comme
une faible femme. De même que la vieillesse, l'héroïsme n'a
point de sexe, et c'est avilir sa propre victoire que de cons-
pirer à l'abaissement des vaincus.
   L'histoire réduira à leur véritable valeur les imputations
d'avarice et de parcimonie que l'injustice contemporaine
s'est plue à accumuler sur Louis-Philippe. La bienfaisance
notoire de la maison d'Orléans , la belle création du Musée
de Versailles et de nombreuses restaurations royales répon-
dent à ces inculpations passionnées. Mais elle lui reprochera
sévèrement d'avoir favorisé le développement d'un système
de corruption politique auquel la Restauration n'était pas de-
meuré sans doute étrangère, mais qui, à aucune époque du régi-