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328 LOUIS-PHILIPPE D'OKLÉANS. breuse et puissante de membres de l'ancien centre , sous le nom de conservateurs progressifs, vint fortifier graduellement l'opposition de son concours actif ou de sa menaçante neu- tralité. Les scandales de cette dernière période de la monarchie ré- volutionnaire sont connus. Un acienn chef de la justice ouverte- ment convaincu de concussion, les plus hautes dignités comme les plus modestes emplois de l'Etat avilis par un honteux tra- fic, un duc et pair de race illustre fuyant dans le suicide le supplice d'un lâche assassinat, la corruption, l'escroquerie, l'oubli des traditions les plus vulgaires de l'honneur, pratiquées autour des représentants du pouvoir suprême, et jusques dans le palais des rois : tel fut le spectacle qu'une contrée qui se flattait de marcher à la tête de la civilisation moderne, offrit à l'Europe, durant les derniers mois de 1847. Et c'est en pré- sence de cette société en dissolution , que M. de Lamartine essayait la réhabilitation de Robespierre et l'apologie du crime le plus odieux qui ait souillé les annales de la nation française ! Les passions démocratiques répondirent à ce coupable appel, et des banquets réformistes s'organisèrent, sous les auspices des députés du côté gauche, à Paris, à Colmar, à Strasbourg, à Saint-Quentin, à Orléans, à Lyon : redoutables assises où le système politique de la royauté de 1830 fut impitoyablement traîné sur la sellette , et dénoncé à la France entière comme indigne de présider plus longtemps à ses destinées. A ces démonstrations, encouragées au dehors par la dé- faite du Sonderbund helvétique, par les cris d'insurrection qui commençaient à retentir sur tous les points de la péninsule ilalique , le roi n'opposait qu'une aveugle et inflexible persis- tance dans le maintien de ses funestes conseillers. 11 récom- pensait, dans l'élévation de M. Guizot à la présidence du Con- seil, l'interprète le plus éloquent, le plus intrépide et le plus