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312 LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS. chiavélique qui jusqu'à ce jour n'avait fait de celte alliance qu'un pacte léonin. La session législative s'ouvrit par un discours discret, et réservé sur les questions qui agitaient les esprits. Mais la dis- cussion du projet d'Adresse n'en fut pas moins très-orageuse dans les deux Chambres. M. Mole combattit sévèrement au Luxembourg la politique à outrance de l'ancien chef de la coalition, et cette politique essuya au palais Bourbon les vives attaques de MM. Billault, Dupin et Barrol. L'indemnité Prit- chard ne fut votée qu'à huit voix de majorité. Jl ne fallut rien moins que les instances du parti conservateur et les encouragements pressants du roi lui-même, pour que le ministère, récemment modifié par l'adjonction de M. de Sal- vandy, qui avait succédé à M. Villemain, se décidât à faire lête à la situation (1). Il n'obtint à la Chambre élective qu'un avantage imperceptible sur la plupart des questions politiques, et succomba dans plusieurs questions d'affaires. Son projet de loi sur l'armement des forlifications de Paris ne réussit qu'à la faveur d'un amendement ministériel portant que les bouches à feu destinées à cet armement seraient déposées (t) Dans une lettre de Louis-Philippe à son gendre le roi des Belges (9 mai 1846), on trouve une appréciation familière mais fort piquante de la situation à laquelle menaçait incessamment de le livrer le décou- ragement presque général des membres de son cabinet : « Ce qui gâte toutes nos affaires, écrivait-il, c'est qu'en général tous nos hommes politiques ont une surabondance de courage et d'audace quant ils sont dans l'oppo- sition, tandis que dans le ministère ils sont toujours prêts à tout lâcher, en disant au roi : Tire-l'en, Pierre, mon ami, comme dans la chanson. Il faut trouver un Guizot pour obvier à ces maux , un homme qui sache enir tète à ses adversaires et qui sache aussi secouer ses amis quand ils s'effraient, et c'est parce que Guizot a eu le nerf de résister à tous ces ébranlements, qu'il a déjà six ans de ministère passés et une jolie pers- pective d'avenir.... »