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LOUIS-PHILIPPE D'OBLÉAIVS. 233
doutait par dessus tout la présence des vaisseaux russes dans
les eaux du Bosphore, offrit au ministère français de s'en-
tendre avec lui avant de soumettre aux autres Cours les diffé-
rends à régler (1). La politique méticuleuse qui présidait aux
conseils du gouvernement lui fit repousser cette proposition.
Première faute d'où dérivèrent les funestes conséquences que
je vais avoir à exposer. Le ministère qui, en entretenant ha-
bilement les alarmes que le traité d'Unkiar-Skelessy inspirait
à l'Europe occidentale, eût rallié à ses vues l'Autriche, la
Prusse et l'Angleterre, préféra transporter à Alexandrie le
débat de la question en litige ; il changea le caractère du
différend en mettant en cause la situation du vice-roi, que les
puissances du Nord répudiaient comme allié de la France ré-
volutionnaire, que les Anglais voyaient avec défaveur à cause
des entraves incessantes qu'il apportait à leur commerce. Cette
maladresse fut activement exploitée par le cabinet russe qui
crut l'occasion favorable pour dissoudre cette alliance anglo-
française, objet perpétuel de son ombrage. M. de Brunnow
fut envoyé à Londres, et proposa à lord Palmerston d'aban-
donner à la Russie le protectorat de Constantinople en cas
d'agression nouvelle de la part d'Ibrahim , en s'engageant
au nom du czar à laisser aux escadres combinées leur libre
action sur les côtes d'Egypte et de Syrie. Mais cette auda-
cieuse proposition , qui tendaij ouvertement à placer le
traité d'Unkiar-Skelessy sous la protection du droit euro-
péen, souleva le cabinet français, lequel rencontra cette fois
d'utiles auxiliaires dans les ministres d'Autriche et de Prusse;
et lord Palmerston la modifia en demandant que si, par
suite des événements de la guerre, les vaisseaux russes pé-
nétraient dans le Bosphore, ceux des autres puissances fus-
sent admis a franchir le détroit des Dardanelles. Le cabinet
(1) Histoire diplomatique de la question d'Orient, par L. Faucher , 1841.