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LOCIS-PHIUPPfi D'ORLÉANS. 167
que le 12, au prix d'une grande effusion de sang et de quel-
ques actes d'iniquité et de barbarie malheureusement insépa-
rables des discordes civiles. Saint-Etienne, Grenoble, Épinai
et plusieurs autres villes furent le théâtre de mouvements ana-
logues. Paris eut ses barricades le 13 et le 14 avril, et la rue
Transnonain fut ensanglantée par des excès à jamais déplo-
rables, auxquels les ressentiments de l'esprit de parti se com-
plurent à mêler le nom du gardien de Blayc, du fatal adver-
saire de Dulong, de ce général Bugeaud, alors investi du
principal commandement des troupes appelées à réprimer
l'insurrection.
Ces douloureuses victoires procurèrent un assez long calme
à la France attristée. Le ministère, dont l'élément répressif
s'était fortifié par l'appel récent de M. Persil au déparlement
de la justice , usa avec empressement de son triomphe
en présentant une loi rigoureuse contre les détenteurs
d'armes de guerre, et en saisissant la Cour des pairs
du jugement des accusés. Cette ordonnance, injurieuse-
ment attaquée par le républicain le plus considéré de son
parti, Armand Carrcl, fut l'occasion d'un procès dans lequel
la Chambre vengea par une condamnation sévère sa dignité
offensée.
Les accusés d'avril furent traduits devant la Cour des pairs
au bout de treize mois de captivité. Les débats de celte affaire
offrirent une confusion sans exemple dans les annales de la
justice. Mise en présence de la plus haute juridiction du
royaume, l'émeute parut à peine avoir changé de caractère.
La voix des magistrats fut couverte à plusieurs reprises par
les accents tumultueux des prévenus, qui envoyèrent à leurs
juges les invectives les plus outrageantes et les plus passion-
nées. Un grand nombre, répudiant le rôle d'accusés pour se
poser en ennemis vaincus, dédaignèrent fièrement de se dé-
fendre; et la plupart des condamnations furent prononcées sur