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LOUIS-PHILIPPE i/OKLÉANS. 159 acquittée, il fallait, disait-il, absoudre tous les fauteurs ou complices de l'insurrection vendéenne; condamnée, on expo- sait ses juges à d'implacables vengeances (1). Il eût été plus simple de reconnaître que la duchesse de Berri s'était consti- tuée en état de guerre et non de rébellion envers Louis- Philippe, et que, par sa mise en jugement, le cabinet des Tui- leries craignait d'indisposer contre lui les puissances euro- péennes. Mais le gouvernement ne pouvait tenir ce langage. Il attendit donc, et fit annoncer que les Chambres seraient appelées a statuer ultérieurement sur le sort de sa captive : responsabilité dont les Chambres effrayées se déchargèrent à leur tour sur le ministère. Cependant , la santé de la princesse , qui avait résisté aux épreuves les plus rudes de la guerre civile, s'altérait rapi- dement dans l'enceinte étroite qui lui était mesurée. Les rap- ports uniformes des médecins constataient l'insalubrité du séjour de Blaye, et leurs conclusions confinaient à la libéra- tion absolue de l'auguste prisonnière. Ces instances pressantes, la pacification définitive de la Vendée , la nature étroite des liens de parenté qui unissaient Marie-Caroline au chef de l'Etat, tout concourait à faire entrevoir sa mise en liberté pro- chaine , et déjà les journaux légitimistes commençaient à murmurer de la durée de sa détention comme d'une barbarie gratuite , lorsque quelques lignes insérées dans le Moniteur du 26 février livrèrent au public étonné le secret de ces ri- gueurs. Marie-Caroline « pressée par les circonstances », disait-elle , » et par les mesures ordonnées par le gouver- nement » , déclarait s'être mariée secrètement pendant son séjour en Italie. Quelques jours plus tard , elle compléta sa déclaration en faisant connaître que son époux était le comte Luchesi-Palli , des princes del Campo Franco, gentilhomme de la cour du roi des Deux-Siciles. (1) Deux mis de règne, par M. A, Pépiu, \t. 382.