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LOUIS-PHILIPPE D'ORLEANS. 153 clameurs de l'opposition qui s'était montrée si indifférente a son occupation. L'expédition d'Ancône, ce trait d'énergie qui a fait le plus d'honneur au gouvernement de juillet, fut le der- nier acte remarquable du ministère de M. Périer. Cet homme d'état, plus distingué sans doute par la droiture et la fixité que par l'élévation de ses vues, par la décision que par le désintéressement de son caractère, quitta le pouvoir avec la vie, dégoûté des efforts impuissants qu'il avait prodigués au rétablissement de l'ordre, et murmurant jusqu'au bord de la tombe d'amères imprécations contre la politique pusillanime qui avait trop souvent enchaîné les élans de son patriotisme. À la nouvelle de sa mort Louis-Philippe ne répondit que par cette froide exclamation : « Est-ce un bien , est-ce un mal ? » expression trop fidèle des inquiétudes où les témérités du minisire avaient jeté cette âme profondément machiavéli- que, et indifférente à tout, hors à la conservation du pouvoir. Un fléau destructeur, né sur les bords du Gange et importé en Allemagne à la suite de la guerre de Pologne, le choléra- morbus, vint faire une diversion redoutable aux dissentiments politiques. Paris, surtout, fut l'objet de ses rigueurs. On évalua à plus de dix-huit mille le nombre des victimes qu'il moissonna dans une invasion de moins de deux-cents jours. En ces circonstances critiques, le roi et sa famille se montrè- rent observateurs fidèles de tous les devoirs du rang suprême. Ils ne désertèrent point, h l'exemple de tant d'autres, le poste du péril, et contribuèrent par leur courage, leurs exhorta- tions et leurs secours, à adoucir les atteintes de l'épidémie. Mais on fut généralement frappé du peu de place que l'au- torité publique donna aux idées religieuses, parmi les encou- ragements ou les consolations qu'elle s'efforça de faire péné- trer dans les esprits. Cependant de vastes événements se préparaient. Depuis son exil du territoire français, la duchesse de Berri n'avait