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LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS. 145 auquel il s'était dévoué. Le 11 février 1831, à la célébration de l'anniversaire de la morl du duc de Berri, dans l'église de Saint-Germain-l'Àuxerrois, un jeune homme s'avança vers le catafalque et y attacha sous une couronne d'immortelles une lithographie représentant le duc de Bordeaux. Cette sim- ple démarche, accomplie au milieu d'une assistance nombreuse et sympathique, détermina soudain dans la capitale une im- mense commotion. Le peuple, excité par la jeunesse des éco- les, se rua avec fureur sur l'église de Saint-Germain, dont le mobilier fut dévasté et brisé au milieu d'odieuses profana- tions. Deux expéditions, dirigées par les sociétés secrètes, me- nacèrent l'Archevêché et le Palais-Royal. Faiblement ému d'une insurrection qui ne s'adressait qu'à la dynastie déchue, Louis-Philippe songea surtout à garantir sa demeure, et abandonna sans défense aux fureurs de la multitude le palais de l'Archevêché, don lie sac fut complet. Tout ce qu'avait épar- gné la populace, aux journées de juillet, fut brûlé, pillé ou précipité dans la Seine. A la suite de ces douloureux événe- ments qui, sans amener aucune répression, provoquèrent d'a- mères récriminations entre les partis, la Cour effrayée fit effa- cer ses propres armes des édifices publics de la capitale. La Fayette, dont les rapports avec le Palais-Royal n'avaient pas encore entièrement cessé, blâma hautement cet acte de con- descendance : « J'aurais supprimé les fleurs de lys, dit-il au roi, tous les jours qui ont précédé, tous ceux qui ont suivi le jour où vous les avez fait disparaître (1). » Le même mois de février vit éclater les insurrections de Modène et de Bologne. Avant de tenter celle périlleuse levée de boucliers, les patriotes italiens avaient envoyé des députés à Paris pour pressentir le gouvernement sur le cas probable d'une intervention armée de la part de l'Autriche. Ces envoyés (1) La Fayette et la Révolution de. 1830, tome 2.