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136                  LOUIS-PHILIPPE »'ORLÉANS.

défaut de succès. En droit, les ministres ne pouvaient être
punissables pour un fait dont l'expulsion de Charles X et de
sa famille avait déjà répondu à la justice du pays, ni pour une
prétendue trahison dont profitait un pouvoir successeur (1), et
que ne définissait aucune loi. Mais, ces vérités si simples et
si palpables, comment les faire pénétrer dans des masses exas-
pérées, aveugles, exaltées d'ailleurs par les agitateurs inté-
ressés qui édifiaient d'avance leur propre fortune sur les
ruines de la royauté !
   Les émeutes qui troublèrent la capitale pendant le mois
d'octobre, firent pressentir au roi toute la gravité de la crise
qu'il allait avoir à traverser. Le malaise de sa position s'ag-
grava bientôt par une inexprimable perplexité. Le parti doc-
trinaire demandait à grands cris le renvoi de M. Barrot qui,
dans une proclamation au peuple de Paris, avait blâmé comme
inopportune une proposition tendante à l'abolition de la peine
de mort. D'un autre côté, MM. de La Fayette et Dupont de
l'Eure, dont l'appui était plus indispensable que jamais, me-
naçaient hautement de se retirer, si le préfet de la Seine était
sacrifié. Dans ces circonstances critiques, l'indéfectible dévoue-
ment de M. Laffilte vint au secours de son royal ami. Il com-
posa non sans peine (2 novembre) un nouveau cabinet où
MM. Laffitèe, Maison, Monlalivet et Mérilhou remplacèrent
MM. Louis, Mole, Guizot et de Broglie. Ce service immense lui
attira de vifs témoignages de gratitude du roi et de la princesse
Adélaïde, qui l'embrassa affectueusement. Mais il fallut, en
échange de ce bon office, endurer un discours où M. Laffitte ex-
posait en termes menaçants, à la Chambre des députés, l'atti-
tude que la France était décidée à prendre vis-à-vis des puis-
sances étrangères.Or, rien n'était plus opposé qu'un tel langage
à la politique méticuleuse et réservée du roi des Français.

   (!) Questions de juridiction parlementaire, par M. le comte de Peyronnet,
p, 25 et suiv.