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134               LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.

    Mais ces protestations se perdaient impuissantes dans le
tourbillon où le nouveau pouvoir entraînait les esprits, et les
prospérités de la maison d'Orléans semblaient au-dessus de
toute atteinte, lorsque une catastrophe aussi mystérieuse que
lamentable et inattendue vint en corrompre le cours. Le 27
août, le duc de Bourbon, le père du malheureux duc d'En-
ghien, le dernier rejeton de la maison de Condé, fut trouvé
morl dans son château de Saint-Leu. Le cadavre de cet in-
fortuné vieillard était suspendu par deux cravates de soie
liées en double anneau au bouton de l'espagnolette d'une
croisée de sa chambre. Ce prince, généralement peu sympa-
thique à la branche cadette, s'était montré fort affecté de la
chute de Charles X, et avait ouvertement annoncé l'intention
de quitter la France dans les derniers jours d'août. Une lettre
par laquelle le roi déchu le pressait de venir le joindre, avait,
s'il faut en croire certains bruits, été interceptée par les or-
dres de Louis-Philippe : démarche qui s'explique par la
crainte de lui voir révoquer sur une terre étrangère ses dis-
positions en faveur du jeune duc d'Àumale. Peu de jours
avant sa mort, il avait reçu à Saint-Leu la visite de la reine
Amélie, et des mains de cette princesse la plaque de la Lé-
gion-d'honneur : double faveur dont il avait paru touché.
    La supposition d'un suicide, démentie par l'âge, le carac-
tère chevaleresque et les sentiments religieux du prince ,
parut invinciblement détruite par plusieurs autres circonstan-
ces matérielles constatées dans une enquête judiciaire, et peu
de personnes doutèrent que le noble vieillard n'eût péri vic-
 time d'un lâche assassinat. Ces présomptions furent, pour
ainsi dire, couronnées par le témoignage de son aumônier,
M. Pellier de La Croix, qui du haut de la chaire sacrée, laissa
 tomber ces paroles solennelles : « Le prince est innocent de
 sa mort devant Dieu! »
    Sophie Dawes, baronne de Feuchères, maîtresse avouée et