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                           DE LA NATURE.                           109
 nés qu'elle symbolise, on la voit cependant sous trois points de vue
divers, d'où naissent trois formes particulières du sentiment esthéti-
que ; c'est, comme nous l'avons déjà dit.- le sentiment de la forme
dans la nature, celui de l'idée ou de la loi, celui de la vie ; à chacun
de ces modes de sentir se rattache une famille d'esprits poétiques
et un genre distinct de poésie.
    Cette première classification des impressions esthétiques pro-
duites par la nature, est faite en vue de la nature isolément prise,
 et sans tenir compte des rapports symboliques qui l'unissent à
l'intelligence divine et à l'âme humaine; mais ce double symbo-
lisme est ce qui donne à la nature son immense importance poé-
tique, et c'est de lui que dérivent les différences fondamentales
de nos impressions en face de l'univers.
   La nature envisagée dans sa signification complète, c'est-à-
dire à la véritable place qu'elle occupe entre Dieu et l'homme,
et comme reproduisant des traits communs à tous les deux,
engendre une autre division du sentiment esthétique correspon-
dante à celle que nous avons déjà établie en partant du senti-
ment du monde extérieur pris indépendamment de ses rapports
avec Dieu et l'humanité.
   Placé en face du spectacle de l'univers, l'homme, doué du
sens poétique, verra plus particulièrement, selon la direction de
son esprit, ou bien les harmonies de la nature avec notre âme,
ou bien ses rapports avec l'intelligence divine, ou bien, enfin, il
contemplera le monde extérieur en lui-même, en ce qui le distin-
gue et le sépare des deux autres ordres de réalités.
   Celui que les phénomènes de la création frapperont surtout
par l'idée générale, par la loi qu'ils représentent, cherchera prin-
cipalement dans la nature une révélation du monde divin, des
attributs de l'Être absolu, de la substance divine ; son sentiment
de la nature sera presque identique au sentiment religieux et fi-
nira par se confondre avec ce sentiment.
   L'homme qui, se préoccupant moins de l'idée dans la nature
et du monde absolu et divin qu'elle reflète, et qui, négligeant
aussi l'aspect particulier de la nature en tant que possédant la
vie, contemplera surtout la forme elle-même, le côté le plus im-