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DE LA NATURB. 105 spontané, à l'état de sentiment et d'instinct; leur génie, à tra- vers la nature, sent surtout le rayonnement de l'amour ; il se fé- conde par la contemplation enthousiaste du monde extérieur, pour reproduire à nos yeux quelque chose de la vie divine sous cette forme de vérité supérieure qu'on appelle la Beauté. Le sentiment de la nature dans ses rapports avec l'intelligence et le cœur de Dieu, qu'elle exprime aux regards de l'homme, ne constitue pas l'intégralité du sentiment esthétique qui dérive d'elle. En étudiant esthétiquement la nature, après qu'on l'a considérée relativement à l'Être infini à l'image de qui elle a été faite, il reste à l'envisager sous un autre point de vue aussi fé- cond peut-être et plus saisissant. Au milieu de la nature même il y a quelque chose d'aussi noble, de plus noble qu'elle ; il y a un être qui se distingue d'elle nettement, et se trouve placé à égale distance du reste de la création, du reste de l'univers ma- tériel, et du monde spirituel et divin, de l'Etre absolu et infini. Ce sujet pour qui la nature est un objet distinct et séparé, cet être placé au sein de la création et plus grand qu'elle,, c'est l'âme humaine, c'est l'intelligence en qui réside ce sentiment esthétique que nous analysons. La branche la plus considérable de l'esthétique de la nature naît des rapports du cœur humain avec l'univers visible. La nature n'a pas avec notre âme ce seul rapport qu'elle est pour l'intelligence un objet de perceptions ; elle a des relations plus profondes avec l'être humain, des relations de ressemblance, des analogies de structure intime. Les mêmes lois président à la vie dans toutes ses manifestations ; elles sont également appli- quées à l'âme humaine et à l'univers, créés tous deux d'après le type éternel de l'Être, produits comme une manifestation, comme une représentation vivante de leur auteur. En un mot, l'homme et et la nature sont faits à l'image l'un de l'autre parce que tous deux sont faits à l'image de Dieu. Nous avons dit de l'univers visible que chacun de ses innom- brables phénomènes représente dans le fini une des idées infinies qui sont en Dieu ; que chaque forme sensible est le symbole d'un type immatériel, d'une idée divine ; que chaque loi de la nature