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70                        ACADÉMIE DE LYON*.

tout avec moins d'incertitude dans celte Inde dont les secrets
sont une des plus belles conquêtes de notre temps. A ce
point de vue, Homère est inférieur à ses devanciers. El c'est
ainsi sans doute que le comprenait Plalon lorsqu'il chassait
le grand poète de sa République, comme eyant altéré et
dégradé la poésie. Par là enfin, un nouvel idéal, complet
cette fois et définitif, est proposé à la poésie • idéal qui sera
atteint lorsqu'un poète, si Dieu permet à un homme d'ob-
(enir celle gloire suprême , saura unir au sentiment de
l'humanité (elle que l'a comprise Homère, le sentiment de
la nature, telle que nous le retrouvons dans les poèmes in-
diens, et enfin le sentiment de la divinité, telle qu'elle s'est
révélée elle-même h la terre par le christianisme.
   Ces idées, que nous ne croyons pas avoir altérées, et dont
personne ne contestera la nouveauté et l'intérêt, sont fami-
lières à M. de Laprade. Il y a louché plusieurs fois dans le
cours qu'il a professé à la Facullé des Lettres. II y louchait
encore dans un remarquable essai sur Ballanchc, lu dans la
séance de janvier, puis inséré dans les Mémoires de l'Aca-
 démie, et sur lequel nous voudrions avoir le temps de nous
 arrêter ; enfin, poêle lui-même, poète d'un grand avenir,
 on senl qu'il est tourmenté du besoin de se plonger sans
 cesse plus avant dans ces sources de toute grande inspiration,
 Dieu et la nature. Ajoutons qu'il y trouve l'inspiration cher-
 chée. Ses derniers poèmes, et particulièrement son bel épi-
 sode de LA TENTATION (1), dénotent un immense progrès.
 Quelle place l'avenir lui réserve-t-il parmi les poètes de notre
 âge, dont la postérité se souviendra ? Il n'est pas lemps en-
 core de le dire : mais lous conviennent déjà qu'elle sera
 belle. Pour noire part, il en occupe une très-élevée dans
 noire admiration et dans nos sympathies,

     (i) Voir la livraison d'Août.