Revue du Lyonnais » série 1 - n°27 ( 1848 ) » pp.408

408                  DU NOM DES ACTEURS.

dira la postérité des noms multiples d'un môme individu ?
Aura-t-elle comme nous les traditions du présent pour savoir
que ce sont les rayons d'une même gloire, n'est-ce pas
          Aux Saumaises futurs préparer des tortures ?

Puis, n'est-ce pas aussi renier jusqu'à un certain point le nom
que porta son père et déshériter de la renommée qu'on peut
obtenir soi-même celui qu'on doit léguer à son fils ? Cela me
semble plus grave que ces messieurs ne le pensent.
   Ensuite, pourquoi ne pas se risquer franchement, le visage
découvert, dansl'arènede la publicité; cette cuirasse contre la
critique est-elle noble alors que tant d'athlètes s'exposent à ses
coups dans une courageuse nudité? En sera-t-il bientôt du nom
d'un père comme de sa succession qu'on n'accepte partage qu'à
bénéfice d'inventaire; et la réussite d'un auteur l'engagera-
t—elle seule à lever le 'voft^dont il s'enveloppera ? II me
semble qu'il n'est jamais bien généreux d'échapper ainsi
à la responsabilité de ses œuvres en morale comme en litté-
rature, et que s'il y a une différence entre l'anonyme et le
pseudonyme, elle ne saurait être à l'avantage de celui qui
non seulement cache son nom, mais qui cherche encore à en
en imposer sur celui qu'il porte.
                                           J.   PETITSENN.