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ET SVR LE KETOUR. 327
ter, grâce à sa scrupuleuse gratitude pour ses élèves et
parcequ'elle n'est pas fâchée de pouvoir instruire toutes ses
connaissances de la source d'où découlent ces éclatantes
offrandes qui, d'ailleurs, éblouissent les regards et déterminent
l'attention.
Souvent aussi l'institutrice a conservé la réserve un peu
sévère, un peu prétentieuse, qu'elle avait auprès de ses élèves;
son ton reste doctoral, sententieux, affecté ; on dirait qu'elle
se croit chargée de l'éducation de l'espèce humaine et de
régenter le tout après avoir enseigné la partie. Elle rit du
bout des lèvres, se prohibe la joie, se scandalise de la plus
légère incongruité et fait montre d'une chasteté pudibonde,
et d'un puritanisme exagéré.
Quoiqu'habitant seule, l'institutrice n'en chérit pas moins
la société ; habituée aux charmes d'une bonne compagnie,
elle la demande, la cherche et la découvre partout où la des-
tinée l'a conduite. Personne plus qu'elle ne se rend à d'ai-
mables invitations, personne plus qu'elle n'adore les causeries
spirituelles, personne plus qu'elle n'apprécie le confortable
de la vie, ne rend justice au savoir faire des pâtissiers, aux
bons ragoûts des rôtisseurs cordon bleu, à la qualité supé-
rieure du moka, à l'excellence du beurre genevois, et à la
savante confection des meringues indigènes.
Car, en retour de l'éducation qu'elle a donnée dans de
hautes maisons, elle a contracté les penchants qui y régnent,
les goûts qui y dominent, et souvent sensible à la succulence
des vins, des plats, et du régime qui distinguent les tables
princières, elle ne peut rentrer qu'avec peine dans un maigre
ordinaire, ne perd aucune circonstance favorable de revenir
chez autrui à son ancien mode d'alimentation, et se constitue
ainsi, à ce que beaucoup de gens prétendent, gourmande par-
souvenir et par occasion, mais sobre par nécessité.
Il est curieux vraiment d'assister à une réunion formée en