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306                 SORTIE DES LYONNAIS.

    Cependant le bruit de mon passage se répandit malgré mes
 précautions. MM. d'Ernest et Rolland avaient eu l'attention,
 pour moi, de prévenir M. le baron d'Erlach de mon voyage
 de Berne. J'étais bien éloigné de m'attendre à l'accueil trop
flalteur que j'ai reçu généralement dans cetle ville. MM. les
envoyés Sleiker, de Millière , d'Erlach me comblèrent de
 bontés et de témoignages d'estime. Je vis MM. de Vignel
des États de Vullaux, et ils me conseillèrent de partir, de
 peur que mon séjour à Berne n'éveillât la sollicitude de Bar-
 thélémy, envoyé de France, et je partis effectivement après
avoir demeuré huit jours dans cetle ville.
    Je repassai par Lausanne , M. Baillât m'y donna à souper,
 et avait eu soin de rassembler une douzaine de Lyonnais ou
 Lyonnaises. Je fus ému jusqu'aux larmes des témoignages
d'affection el d'intérêt que me donnèrent mes braves compa-
 triotes. J'appris que Mme de Virieux était à Lausanne ; elle
 était femme du brave général de ce nom, qui commandait à
la Croix-Rousse et qui fui tué à la sortie de Lyon. Je n'osai
 la voir de crainle de rouvrir les plaies de son cœur. Cependant
elle exigea que je la visse. Cetle entrevue m'affecta vivement ;
elle pleurait un époux adoré et moi un ami bien précieux.
Elle était entourée de ses petits enfants et habitait un petit
appartement où elle travaillait sur un métier à broder, pour
gagner vingt-cinq à trente sols par jour, seule ressource qui
lui restait. Ce lableau déchira mon cœur ; j'éprouvai plus que
jamais le désir de consacrer ma vie au salut de ma patrie, et
me livrai avec confiance à l'espoir flatteur de venger tant
de malheureuses victimes. Puissent mes vœux se réaliser
bientôt! Puisse le ciel me donner les moyens de justifier
d'une manière plus efficace la confiance el rattachement de
mes concitoyens! Qu'ils soienl un jour heureux el libres, et je
 mourrai content.