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300 SORTIE BBS LYONNAIS.
Je partis le 20 janvier, et c'est avec le plus vif regret que
je me décidai à me séparer de mes bons amis de Sainte-A...,
et à quitter un pays où j'avais éprouvé tout ce que la bien-
faisance humaine a de plus consolant : Braves et généreux
habitants de Sainle-A... et de V... je n'oublierai jamais tout ce
que vous avez faitpour moi. Que votre humanité était belle et
touchante ! comme elle contrastait avec la barbarie de vos
voisins; je ne sais si l'on pourrait citer en France un second
exemple d'un pays totalement demeuré pur et inaccessible
à tout principe d'anarchie et d'impiété. Certes, en des temps
plus heureux, il me sera permis de désigner à l'admira-
tion de tous les Français ces bons villageois... Puissé-je bientôt
revoir cette terre sainte et hospitalière, ce moment serait le
plus doux de ma vie.
Je ne dirai pas combien ils donnèrent de larmes à notre
séparation ; leurs regrets et leurs bénédictions m'accompa-
gnèrent et ont sans doute protégé mes pas. Ainsi, je les quittai
après avoir demeuré seize mois parmi eux, connu d'un fort
grand nombre de personnes, sans que mon secret ait été ja-
mais violé et sans avoir eu à souffrir d'aucunes indiscrétions,
ce qui est une circonstance assurément bien particulière. La
prudence aurait dû me dicter de cacher davantage mon
nom et de m'ouvrir moins facilement, mais je n'ai pas eu Ã
me repentir de ma confiance qui a été pour moi, au contraire,
une source de consolation et de soins précieux.
J'ai voulu, pendant ma triste captivité, établir quelques re-
lations avec d'anciens amis que j'avais dans les environs,
mais je ne les ai pas tous retrouvés en cette occasion, je les
excuse bien volontiers et n'attribue leur conduite qu'Ã la
terreur qui les dominait. Les premiers jours que je passais
à V..., j'avais envoyé un exprès à M..., à deux lieues de là ,
je les priais de venir me voir, il m'aurait été bien intéressant
de les voir et de m'enlretenir avec eux, mais ils m'envoyèrent