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46 MAÇON.
qui viennent mourir dans la Saône. Nulle ville pins amou-
reusement penchée sur sa couche que Mâcon, nulle plus
mollement bercée dans ses songes par la double harmonie
des brises et du murmure de la Saône, nulle plus gracieuse
à voir avec celte ceinture de villas éparpillées autour d'elle,
semées sur sa tête, sur ses flancs, enchâssées comme des
perles, découpées comme de blanches banderoles ; nulle
cité plus heureuse que Mâcon, se haussant pour respirer et
compter tous ces villages de sa banlieue, où l'air de fêle est
en permanence, et dont l'agglomération si compacte, si
serrée, depuis Romanèche et la Maison-Blanche, jusqu'Ã
Saint-Albin et à Montbellel, forme la zone la plus peuplée
du département de Saône-el-Loire. — Remarquez aussi cette
disposition privilégiée de la cité mâconnaise; abritée à l'occi-
dent, elle est tournée vers l'aurore et les ineffables splen-
deurs du matin. A partir de Dijon jusqu'Ã Lyon, les villes el
les villages sont orientés à l'est: sur le Rhône, c'est le con-
traire, et de Vienne à Avignon, les villes et les villages abrités
à l'orient, sont découverts du côté du couchant. Toutefois le
quai deChâlon est moins favorisé que celui de Mâcon, il s'inflé-
chit sensiblement vers le midi, il n'est point livré comme ce
dernier, Ã la bienfaisante etsalubre insolation du malin.
Le Maçonnais a conservé un grand type, tout ainsi que la
pieuse terre de Bresse, c'est le costume ; ce sont ces petits
chapeaux des femmes de la campagne, posés obliquement
sur la tête, c'est le corsage, ce sont les flots de rubans, c'est
la légère mantille, c'est la jupe, ce. sont la croix el le cœur
d'or, tous ces naïfs oripeaux du pays, que l'on ne rejette-
rait pas sans compromettre tous les autres éléments de la
nationalité locale. — C'est une marque bien difficile à effacer
que celle d'une nationalité. Depuis cinquante-cinq ans, il
n'y a plus de Maçonnais politique, et le Maçonnais moral
existe toujours, représenté exactement par l'arrondissement
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