Revue du Lyonnais » série 1 - n°24 ( 1846 ) » pp.008

8                           LA BOURSE.




    On montre de Cafin les perfides épîtres,
    Pour le quinze on nous dit qu'on manquera de litres;
    Que N... et N... exigent au comptant
    Tous les achats par eux faits au trente courant ;
    Que les gros sont couverts ! Ami, ferme l'oreille
    A tous les bruits semés autour de la corbeille,
    Méprise ces cancans et ces folles rumeurs,
    Ëpouvantail usé des novices joueurs.
    Ris des prix arrivés sur l'aile des colombes,
    La hausse ne vient pas comme viennent les bombes.
    Résiste bravement, ce n'est pas dans deux jours
    Que les pauvres haussiers relèveront les cours.
    Mais enfin, s'il le faut, sans faire la grimace,
    Paye un large déport au banquier vorace,
    Puis, lorsque la valeur cessera de faiblir,
    Lestement, à propos, tu sauras le couvrir.
    Puis laisse les poltrons, payant ta différence,
    Crier comme des paons à la mauvaise chance ;
    Toi, faisant Charlemagne, empoche leurs écus,
    La farce est achevée, et malheur aux vaincus !

         Juin 1846.