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448            DES POYPES DE LA BRESSE, ETC.

trées. Les îles Baléares, l'île de Minorque surtout (1), ren-
ferment plusieurs de ces tertres artificiels; ils sont composés
de pierres brutes placées sans ciment et comme au hasard les
unes au dessus des autres. Leur origine est évidemment car-
thaginoise (car les Carthaginois ont occupé longtemps ces îles).
Les habitants leur donnent un nom qui montre encore leur
ancienne destination. Ils les appellent atalaya (2), mot arabe
qui veut dire lieu d'observation et de découverte.
   Enfin, jusqu'en Amérique, dans l'ancien empire des Incas,
nous voyons établi cet usage des tertres artificiels près des
châteaux e! des demeures des princes et des rois. Sousl'équa-
 teur, entre Latacunga et Quito, on découvre les restes d'un
 palais des anciens Incas du pays, et, à cinquante toises, cent
 mètres vers le nord, on voit une colline en forme de pain
de sucre, si régulière qu'on ne peut s'empêcher d'y re-
 connaître le travail de l'homme. « Celte colline, nous dit Don
 Juan d'Ulloa, celui qui, avant M. de Humbolt, nous avait le
 mieux fait connaître l'Amérique Espagnole (3), celte colline ne
 paraît être autre chose qu'un beffroi pour apercevoir ce qui se
 passait à la campagne et pouvoir mettre le prince en sûreté à la
 première altaque imprévue de la part d'une nation ennemie. »
    Voilà ce que j'avais à dire sur les poypesde la Bresse et des
 Dombes. Ainsi leur origine ne remonterait guère au-delà du
 moyen-âge. Je ne sais si cette opinion qu'aucun des historiens
 du pays n'avait encore avancée, sera suivie et partagée. Mais,
 du moins, je serai satisfait si, en l'émettant, je provoque une
 discussion et des recherches propres à jeter du jour sur un
 point qui n'est pas sans intérêt pour l'histoire de nos pro-
 vinces.                                   L'abbé JOLIBOIS,
                                                 curé de Trévoux.

  (i) Amstrong. Histoire de Minorque, chap. i5. Grasset Saint-Sauveur,
 Voyage aux îles Baléares, p. 346.
   (2) Voyez Cambry, Monuments celtiques, vocahulaire étymologique.
   (3) Voyages en Amérique, etc.. t. III, p. 287.